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QUÉBEC — « La tempête nous menace. La foudre est même tombée sur la grange l’automne dernier », a déclaré le président de la FPLQ, Bruno Letendre, devant les délégués réunis en assemblée générale annuelle, aujourd’hui.
Dans ce contexte, c’est à une vibrante profession de foi envers la gestion de l’offre, attaquée de toutes parts, que s’est livré ce producteur de lait de l’Estrie. « Nous subissons une forte pression pour démanteler la gestion de l’offre et ouvrir nos marchés. Je pense que ce serait la pire des erreurs d’y céder. Je suis plus convaincu que jamais de sa pertinence et je crois que tant qu’elle recevra l’appui des producteurs, elle aura un avenir », a-t-il affirmé.
Ces menaces permanentes viennent assombrir les résultats encourageants obtenus en 2013 au Québec. En effet, les ventes au détail de beurre (+ 3,4 %), de fromages (2,5 %) et de yogourt (3 %) ont connu une belle progression. La crème glacée et le lait frais ont toutefois continué de régresser. La courbe des revenus à la ferme continue d’augmenter un peu plus vite que celle des volumes produits. La qualité du lait s’améliore et le droit de produire non vendable a été bonifié de 1,5 % au début d’avril 2014. « Nous sommes relativement à l’abri de la grande instabilité des marchés agricoles mondiaux. Nous obtenons un juste revenu du marché, prévisible et sans subventions, une situation exceptionnelle dans le secteur agricole. Alors pourquoi faudrait-il démanteler un système qui fonctionne et qui donne des résultats très positifs pour l’industrie laitière, pour les citoyens et les gouvernements », a demandé M. Letendre.
Ce dernier a prié les délégués de rester sourds aux chants des sirènes qui veulent les pousser soit vers la résignation, soit vers une modernisation de la gestion de l’offre qui aboutira dans les faits à son abolition. « Certains renards veulent nous faire croire que nous pourrions nous métamorphoser en exportateurs tout en maintenant notre système », a-t-il noté. De la foutaise à ses yeux. D’autres, comme le Conference Board, proposent clairement son démantèlement afin de profiter de la croissance de la demande mondiale des produits laitiers, en Asie notamment. « Ils portent des lunettes roses ou ils en ont fumé du bon », a caricaturé le président Letendre.
Ils oublient que « malgré les beaux discours, le commerce ne se fait pas à armes égales et que les subventions à l’agriculture ne se sont jamais aussi bien portées que maintenant », a-t-il poursuivi. L’Europe dépense 60 milliards d’euros pour soutenir l’agriculture, le nouveau Farm Bill des États-Unis accorde 1 000 G$ sur 10 ans, même si une grande partie va aux programmes d’aide alimentaire, et la Chine a versé 165 G$ en subventions en 2012.
Qu’arriverait-il si le Canada, pour éventuellement obtenir d’hypothétiques marchés asiatiques, devait d’abord ouvrir ses frontières au lait américain? a demandé le producteur de lait de l’Estrie. « Une augmentation de moins de 10 % de la production de lait aux États-Unis suffit à combler les besoins de notre marché. Combien de producteurs de lait canadiens résisteraient à la vague? » Ouvrir nos marchés en réduisant significativement nos tarifs, a précisé ce copropriétaire d’une ferme laitière à Windsor, cela veut dire un alignement du prix du lait canadien sur les prix mondiaux, c’est le retour à l’instabilité des revenus et à la volatilité des prix dont nos pères ont souffert dans les années 50 et 60.