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Baie-Saint-Paul — Il y a quelques années, la Dre Marie Noël a traversé le globe pour assister à un congrès en Nouvelle-Zélande, motivée par le thème de celui-ci : la résistance parasitaire!
« Je suis revenue complètement crinquée et forte d’un beau constat philosophique : l’abandon des bonnes pratiques au pâturage et notre tendance à administrer des anthelminthiques à tous les sujets sans distinction ont un énorme impact sur la résistance parasitaire. Il faut agir globalement pour mettre sur pied une gestion stratégique et intégrée dans ce domaine », résume la vétérinaire.
Le bon produit à la bonne dose, au bon moment
« Plus on traite nos animaux, plus on augmente la résistance des parasites aux anthelminthiques. De là l’importance d’administrer le bon traitement à la bonne dose, au bon moment », martèle la Dre Noël. Elle a fait de la transmission des bonnes pratiques en matière de gestion de parasites son principal cheval de bataille, avec des résultats probants dans sa région témoin, Charlevoix. Conjointement avec l’agronome Diane Allard du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), elle a mené un projet de recherche de trois ans sur la charge parasitaire des troupeaux de Charlevoix pour valider ses hypothèses. Les conclusions, probantes, font l’objet d’une diffusion auprès du plus grand nombre possible de producteurs, de techniciens et de professionnels au moyen de conférences, d’articles et de formations. La Dre Marie Noël insiste cependant sur le fait qu’elle n’est pas parasitologue et qu’agronomes et vétérinaires doivent travailler main dans la main.
« On en est arrivés à la conclusion qu’étant donné que le développement de la résistance aux antiparasitaires est impossible à bloquer chez certains parasites, nos actions doivent viser à retarder son apparition et à ralentir son développement. Il y a des moyens concrets de le faire. » Elle cite, par exemple, la création des refuges. « On travaille avec l’immunité des animaux. Dans un troupeau donné, on va échantillonner par groupe homogène d’individus. Si on voit que le groupe est peu ou pas parasité, on peut choisir de ne pas le traiter. Ces animaux vont donc excréter des œufs de parasites non résistants dans le champ. Les petits veaux qui avalent ces œufs-là, on va pouvoir les traiter, car ils n’auront pas développé la résistance. On utilise moins de produits, ce qui a un impact sur l’agriculture durable et l’utilisation judicieuse des anthelminthiques », avance la Dre Noël.
La prévention en amont
Si le traitement est une partie d’une bonne gestion parasitaire, la prévention en est une autre et elle devrait primer, selon la vétérinaire.
La gestion des pâturages est essentielle. Des rotations de pâturages plus rapides, donc le maintien de l’herbe plus haute, diminueront l’ingestion de larves.
« C’est une bonne idée de faire des parcelles et de changer les animaux régulièrement en évitant de les faire brouter trop court. 90% des parasites se maintiennent entre le 5e et le 7e centimètre d’herbe près du sol. La larve infectante va monter sur le brin d’herbe, mais reste très basse », illustre la vétérinaire, persuadée que les « gestes non médicaux » sont essentiels. « Il y a plein de choses qui sont en train de se développer. Quand il y a beaucoup d’arbres, il y a davantage d’oiseaux et d’insectes. Les oiseaux défont les fumiers, ce qui fait sécher les larves. Il faut éviter les eaux stagnantes et mal drainées, car les larves sont très bien dans l’humidité », illustre-t-elle, insistant sur l’importance de créer un plan de gestion adapté à la réalité de chaque troupeau.