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De plus en plus de villes autorisent l’élevage de poules pondeuses, au grand plaisir des familles qui veulent en héberger dans leur cour. Résultat : les couvoirs font des affaires profitables, mais peinent à planifier la demande dans un marché souvent imprévisible.
À son couvoir de L’Isle-Verte, Pascal Dumont a vendu autour de 64 000 poules durant la saison. C’est environ 15 000 de plus qu’il y a trois ans. Une bonne nouvelle pour son entreprise, dont la vente de poulettes représente maintenant la moitié de ses activités.
Les affaires roulent bien également pour Louise Morin, propriétaire de Génération Grains Natures, à Roxton Falls. Le couvoir a liquidé près de 50 000 poules pondeuses à ses revendeurs cette année, un nombre qui pourrait être appelé à augmenter au cours des prochaines années.
« Il y a beaucoup de gens en milieu urbain qui veulent essayer ça [l’élevage] pour manger leurs propres œufs », constate la productrice. Plusieurs familles y trouvent un intérêt pour leurs enfants, ajoute Pascal Dumont.
Prévoir sans savoir
Même s’ils trouvent toujours plus de clients pour les poules d’année en année, plusieurs distributeurs n’osent pas en commander trop auprès de leur fournisseur. « Ils ne veulent pas rester pris avec des poules. Et nous, on ne peut pas courir le risque de produire 5 000 volailles de plus s’ils ne les achètent pas », explique Mme Morin.
« On essaie de suivre [la cadence], mais c’est difficile. Ça prend six mois pour produire une poule pondeuse. Si on ne fait pas de planification avec nos revendeurs, ça ne fonctionne pas », renchérit M. Dumont.
En fait, certains clients qui souhaitent avoir des poules vont se manifester au début du printemps pour passer leur commande. Mais la plupart vont tout simplement se présenter à la « dernière minute » lors d’une journée de vente.
Beaucoup de gens veulent avoir des poules seulement l’été et n’ont pas le réflexe de commander à l’avance, constate M. Dumont. Il a déjà tenté d’instaurer un système de commande plus hâtif avec ses revendeurs, mais en vain. Les gens n’ont pas le réflexe de se mettre dans « l’esprit du temps des poules »!
Une niche attractive?
À la mi-juin, Guillaume Maltais, du Couvoir de Chicoutimi, avait déjà écoulé les 7 200 poules commandées cette année. C’est deux fois plus qu’il y a cinq ans. Il aurait pu en vendre plus, car une soixantaine de personnes étaient prêtes à en acquérir. Mais il est difficile, voire impossible de s’en procurer dès la fin du printemps.
Le producteur prévoit donc en commander environ 500 de plus l’an prochain, coûte que coûte. « C’est beaucoup de logistique. On peut recevoir 3 500 poules dans une seule journée. Et on n’a pas beaucoup de place, alors on doit les vendre rapidement », précise celui qui affecte ses 20 employés à cette opération.
M. Maltais ne sait pas jusqu’à quel point il pourra développer cette niche de marché. C’est en effet beaucoup de gestion pour les distributeurs, selon Louise Morin, du couvoir Génération Grains Natures. Mais il n’est pas rare que certains d’entre eux lui confient qu’ils auraient aimé vendre plus de poules en raison de la demande.
Ce marché en croissance n’est cependant pas comparable à celui des poules pondeuses commerciales. Plusieurs grands couvoirs ne veulent pas nécessairement se lancer dans la course, soutient Mme Morin. Du côté de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec, on estime que ce commerce, bien que marginal, peut toutefois être intéressant pour ses membres.