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Plusieurs producteurs laitiers tels que Bobby Baril ont signalé récemment une pénurie au Québec de médicaments de marque Pirsue servant à traiter certains types de mammites.
« L’année passée, on manquait de Cefa-Lak [autre médicament pour traiter des infections mammaires], mais c’est revenu. Là, c’est le Pirsue. La mammite, c’est la plus grosse cause de réforme du bétail et ça affecte la qualité du lait, mais on a de moins en moins d’armes contre ça », remarque avec découragement le producteur de Lorrainville en Abitibi-Témiscamingue qui juge la situation « fatigante ». Sur Facebook, plusieurs utilisateurs de différentes régions du Québec, notamment de Lanaudière, de la Montérégie, des Basses-Laurentides et de l’Estrie ont eux aussi manifesté, il y a quelques semaines, des difficultés à s’approvisionner en médicaments de marque Pirsue.
Ruptures de stock depuis le début de la pandémie
Joint par La Terre, Jean-Philippe Roy, directeur du groupe de recherche en santé bovine de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, confirme que plusieurs produits, dont le médicament de marque Pirsue, sont ou ont été en rupture de stock au Canada depuis le début de la pandémie, voire avant. Certains produits pour traiter les infections mammaires sont même discontinués définitivement, notamment la marque 17900 formule spéciale. Le vétérinaire souligne un changement dans les règlements encadrant l’utilisation des antibiotiques en production animale juste avant la pandémie, qui vient s’ajouter aux « désagréments » occasionnés par la pénurie. Des produits comme le Spectramast LC, par exemple, ne peuvent plus être utilisés sans la démonstration qu’il s’agit du seul médicament efficace pour traiter une maladie. « C’est un problème qui cause des désagréments à certains producteurs qui préfèrent un produit plus qu’un autre. Il y a d’autres produits [que le Pirsue] pour traiter la mammite, mais ils ne traitent pas tous les mêmes agents bactériens », détaille-t-il.
De retour d’ici la fin de l’année
Actuellement, deux produits homologués au Canada pour le traitement de la mammite clinique en lactation sur trois sont à la disposition des producteurs, soit ceux de marques Cefa-lak et Spectramast LC. Quant au Pirsue, il devrait être de retour sur le marché « d’ici la fin de 2021 », confirme la compagnie pharmaceutique Zoetis, précisant que la pénurie actuelle s’explique par « des problèmes de fabrication persistants de [son] fournisseur tiers ». Selon Jean-Philippe Roy, le médicament avait été absent du marché plusieurs mois dans la dernière année avant de revenir pour quelques semaines, puis de disparaître de nouveau il y a un mois.
Le produit de marque Cefa-lak avait aussi disparu du marché canadien durant quatre mois au début de 2020, mais l’approvisionnement a repris et est « fiable » depuis juin 2020, assure pour sa part la compagnie Boehringer Ingelheim Canada. L’agente de communication Merry Garbutt précise que la rupture d’inventaire était « mondiale » et causée par une « interruption de fabrication temporaire ».
Jean-Philippe Roy précise, selon les échos qu’il obtient des compagnies pharmaceutiques, que les ruptures de stock temporaires peuvent par exemple s’expliquer par des incendies dans une usine, une tempête tropicale dans une région abritant une usine, une pénurie de matière première ou de contenant, des difficultés de transport et de livraison ou un manque de place d’entreposage. Le contexte de pandémie peut aussi expliquer partiellement la situation.
Nouveaux vaccins
Jean-Philippe Roy souligne que de nouveaux vaccins existent pour la prévention de différentes bactéries qui causent des infections mammaires. Il rappelle par ailleurs aux producteurs que seulement la moitié des cas de mammites nécessitent un traitement antibiotique. Dans l’incertitude, il faut s’en remettre au médecin vétérinaire praticien responsable du troupeau sur les moyens de prévention et de traitements appropriés.
Mise en garde contre les commandes des États-Unis Des producteurs ont laissé entendre sur Facebook qu’ils commandaient des médicaments des États-Unis en raison de la pénurie. Jean-Philippe Roy, directeur du groupe de recherche en santé bovine de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, déconseille néanmoins cette procédure sans l’autorisation de Santé Canada. « Pour faire venir un médicament de l’extérieur du pays qui n’est pas disponible au Canada, il faut généralement un permis d’urgence. Un vétérinaire doit prouver à Santé Canada qu’il n’y a pas d’autre alternative », indique-t-il, soulignant que cette procédure est complexe et qu’elle ne fonctionne pas à coup sûr. |