Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
En été, ombrière ou pas, la production laitière et la température corporelle des vaches au pâturage ne sont pas affectées. Néanmoins, les bêtes adaptent leur comportement lorsqu’elles n’ont pas d’accès à l’ombre.
C’est la conclusion des travaux conduits par l’équipe du Centre de recherche en production laitière biologique du campus d’Alfred de l’Université de Guelph, maintenant appelée Ferca de l’Union des cultivateurs franco-ontariens. L’étude a mis en évidence le fait qu’une ombrière mobile installée au pâturage a été utilisée par les vaches environ 50 % du temps.
La paissance au pâturage est une pratique reconnue pour ses bénéfices sur la santé et le bien-être des vaches. Par exemple, celles qui peuvent en profiter boitent moins. Par contre, les producteurs sont réticents à envoyer les bêtes au pâturage, car ils craignent que celles qui sont en lactation souffrent de stress thermique. Les arbres y sont rares et les agriculteurs estiment que les animaux vont préférablement choisir un peu d’air frais à l’ombre plutôt que d’aller arracher des brins d’herbe en plein soleil.
Le projet visait à documenter les effets de l’utilisation d’ombrières mobiles sur des vaches de race Holstein en lactation dont la production moyenne est de 9 800 kg/an, et qui sont gérées dans un système de pâturage en bandes. Pendant huit semaines, en juillet et en août 2013, 24 vaches ont été observées. La moitié d’entre elles avait accès à des ombrières mobiles et l’autre moitié ne pouvait pas en bénéficier. La production laitière quotidienne et la température corporelle étaient enregistrées en continu, grâce à un collecteur de données automatique glissé dans la cavité vaginale des vaches. Pendant la période la plus chaude de la journée, soit de 11 h 30 à 15 h 30, la manière d’agir des vaches au pâturage, notamment le temps qu’elles passaient couchées, à brouter et à l’abreuvoir, était observé.
Ce que l’observation des vaches nous a enseigné
Durant les journées de chaleur intense et lorsque les nuits n’étaient pas assez fraîches pour permettre de dissiper celle qui avait été accumulée pendant le jour, on a pu observer les plus grandes différences de comportements entre les vaches qui pouvaient bénéficier de l’ombrière et celles qui n’y avaient pas accès. Ainsi, pendant la période la plus chaude de la journée, les bêtes qui ne pouvaient se rafraîchir sous une ombrière ont été aperçues à l’abreuvoir jusqu’à 6,4 fois plus, tandis que celles qui y avaient accès ont été observées à brouter et en position couchée de 1,5 à 1,8 fois plus.
Ces résultats indiquent que les vaches, lorsqu’elles ne peuvent se mettre à l’ombre, modifient leur comportement pour tenter de se rafraîchir. La façon privilégiée de le faire est de boire plus d’eau et de rester en position debout, car une plus grande partie de l’animal peut être refroidie par le vent.
Une ombrière : pas nécessairement un prérequis au pâturage
L’ombrière mobile permet aux vaches de ne pas avoir à choisir entre le pâturage et l’ombre, tout en limitant le temps passé à l’abreuvoir. Ce dernier aspect peut avoir un impact économique et environnemental non négligeable sur l’entreprise. En effet, une bête qui génère une production significative peut nécessiter jusqu’à 155 litres d’eau par jour, et en cas de stress thermique, il en faudra davantage. L’utilisation d’ombrières mobiles se combine très bien à une gestion du pâturage en bandes. Elle permet d’éviter aux animaux de se rassembler autour d’une aire d’abreuvement ou d’une zone fixe d’ombre, ce qui limite la sursaturation du fumier et de l’urine ainsi que le piétinement, qui crée des zones mortes dans les pâturages.
Santiago Palacio, doctorant, et Elsa Vasseur, professeure adjointe au Département des sciences animales de l’Université McGill, Renée Bergeron, professeure agrégée au Département de biosciences animales de l’Université de Guelph, et Simon Lachance, professeur-chercheur au campus de Ridgetown de l’Université de Guelph.