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Les couvoiriers se comptent désormais sur les doigts de la main au Québec et leur nombre a fortement régressé au Canada.
Au Québec, les survivants assument la délicate mission d’incuber chaque année plus de 200 millions d’œufs fertilisés qui, de poussins d’un jour, deviendront des poulets à griller ou des pondeuses d’œufs de table. Il s’agit donc d’un maillon incontournable de l’industrie avicole. À l’échelle canadienne, les couvoirs de type chair (poulets de gril) sont passés de 45 à 36 entre 2005 et 2010. Les éleveurs ont par contre livré 657 millions d’œufs en 2011, soit 75 % de plus qu’il y a 25 ans.
Lors d’une récente visite au Couvoir Ramsay, propriété de Nutreco Canada, à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière, la Terre a constaté que la fascination exercée par des poussins âgés de quelques heures fonctionne toujours. Et de les voir faire leur premier tour de manège sur un convoyeur où des yeux très avertis sont capables d’en répartir quelque 2000 à l’heure en mâles et femelles juste en scrutant le bout de l’aile impressionne toujours autant! Bon an, mal an, ce couvoir reçoit quelque 30 millions d’œufs d’une vingtaine de fermes reproductrices. Il a été le premier à être accrédité HACCP au Québec.
Évolution
À première vue, rien n’a changé dans les couvoirs au cours des dernières décennies. L’incubation des œufs nécessite toujours environ 18 jours et l’éclosion, deux ou trois jours. Les couvoirs en place fonctionnent en général selon l’approche multistage, c’est-à-dire que les lots d’œufs entrent et sortent en flot continu des incubateurs. Les poussins arrivent toujours dans les élevages âgés d’un jour, après avoir passé l’étape du sexage. Par ailleurs, le nombre d’œufs par poule et le taux d’éclosion n’ont pas connu de progression majeure au cours des 20 dernières années. Enfin, les couvoiriers canadiens sont toujours tenus d’importer des États-Unis l’équivalent de 21 % de la production canadienne d’œufs d’incubation, en vertu de l’Accord de libre-échange nord-américain.
Pourtant, l’industrie des couvoirs a changé. Claude Boire, de Boire & Frères, qui célèbre son 85e anniversaire cette année, en est un témoin privilégié. Il soulève d’abord la concentration. « Il y avait une douzaine de couvoirs en 1973 au Québec, alors qu’on dénombre quatre grandes organisations actuellement », a-t-il noté.
M. Boire, tout comme Michel Fontaine, ex-président de l’Association des couvoiriers du Québec (ACQ), a identifié l’injection de vaccins et d’antibiotiques directement dans l’œuf comme l’un des principaux changements technologiques des années 1990. Cette opération s’effectuait auparavant de façon manuelle, dans le cou du poussin. Sans trop s’y attarder, MM. Boire et Fontaine ont relevé que l’informatisation des opérations a aussi contribué à améliorer l’efficacité des couvoirs. Président de l’ACQ, Christian Trottier joint sa voix à celle de M. Boire pour dire que ce sont les progrès génétiques qui ont surtout marqué l’industrie. « C’est phénoménal, a noté M. Boire. La sélection a permis de retrancher environ 15 jours d’élevage pour que les poussins atteignent le poids requis pour être livrés à l’abattoir. Cette période est passée d’environ 50 jours à 35 jours. La génétique a aussi corrigé en grande partie les maux de pattes observés dans les années 1980-1990 en renforçant l’ossature. »
Et ces progrès sont loin d’avoir atteint leurs limites. « Les gains de productivité se poursuivent en retranchant environ une demi-journée d’élevage par an, a signalé M. Trottier. La sélection des meilleurs spécimens de la race a donné des poulets qui fournissent plus de chair grâce à une poitrine plus développée. Les compagnies savent déjà quels oiseaux ils vont livrer dans cinq ans. »
Les races Cobb et Ross se retrouvent dans plus de 95 % des élevages au Québec.