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Même si aucun vaccin n’a jusqu’ici prouvé son efficacité, Ottawa vient d’autoriser un accès d’urgence à un vaccin américain afin d’enrayer le virus de la diarrhée épidémique porcine (DEP).
Député de Beauce et ministre d’État à l’Agriculture, Maxime Bernier admet que le fabricant du sérum effectue toujours des tests préliminaires, les mesures de biosécurité demeurant le meilleur moyen de prévention.
« On est dans un pays libre et il y a des producteurs qui nous ont demandé d’avoir accès à un vaccin », rétorque d’entrée de jeu le ministre en entrevue exclusive avec la Terre. Parce qu’une homologation au Canada requiert une période de 18 mois, ajoute-t-il, le vaccin est mis à la disposition des éleveurs de porc à titre de mesure d’urgence par le truchement de leurs vétérinaires.
« Le vaccin est une mesure préventive parmi d’autres, prétend-il, mais la meilleure mesure préventive, c’est la biosécurité. »
Chef du comité vétérinaire de l’Équipe québécoise de santé porcine, François Cardinal soutient au contraire qu’il est illusoire de se fier à ce vaccin comme moyen de prévention.
« C’est un moyen de contrôle pour les élevages qui sont déjà aux prises avec la maladie », affirme-t-il, soulignant la nuance.
Pays libre
Pourquoi le gouvernement fédéral se refuse-t-il à obliger les camionneurs à laver, désinfecter et sécher leur camion-remorque à leur retour au Canada après une livraison aux États-Unis, comme le demandent les vétérinaires de la santé porcine au Québec?
« Parce que nous sommes dans un pays libre, répète Maxime Bernier. Il y a des droits à respecter, la liberté individuelle. On ne peut pas obliger un individu à prendre une douche, à changer de vêtements. Il y a une charte qui existe, la Charte canadienne des droits et libertés, et on la respecte. On incite fortement ces gens-là à suivre les mesures de biosécurité. »
Le ministre dit prendre la menace très au sérieux et agir de manière responsable, soulignant les nombreux tests de dépistage. Il fait aussi valoir que la santé humaine ne se trouve pas en danger, la maladie n’étant pas à déclaration obligatoire. Instaurer des mesures draconiennes à la manière des Américains qui ont fermé la frontière à la suite de la découverte d’un cas de vache folle au Canada en 2003, réplique le ministre, revient à comparer des pommes avec des oranges.
Maxime Bernier réfute également l’idée que de ne pas imposer des mesures de biosécurité à la frontière canadienne équivaut à laisser entrer des terroristes au pays, une bombe sous le bras. En tant que député de la Beauce, où l’on retrouve plusieurs éleveurs de porcs, il dit tenir compte de leur opinion.
« Ils sont très satisfaits des mesures qu’on prend et d’avoir accès à un vaccin, déclare-t-il. J’ai parlé récemment à M. Boissonneault [président des Éleveurs de porcs du Québec] et il est également satisfait des mesures qu’on prend. »
Rejoint par la Terre, David Boissonneault contredit cette affirmation. Selon les renseignements à sa disposition, le vaccin autorisé par Ottawa présente une efficacité « médiocre ». Le vaccin, convient-il, constitue un outil intéressant, mais l’accent doit être mis sur la prévention.
« Le ministre, de rapporter le président des Éleveurs de porcs, a trouvé que j’y allais un peu fort avec les terroristes (voir notre édition du 26 janvier NDLR). Il va falloir qu’il reconnaisse l’importance de la santé pour nos troupeaux. C’est un incontournable. On continue à dire qu’il ne faut pas baisser la garde, qu’il faut persévérer. Ça fait six mois que l’industrie se prend en mains. Je crois que l’État en fait partie aussi et je l’invite à persévérer.»
Rappelons que le vaccin en question, le iPED+ de la compagnie Harrisvaccines, située en Iowa, sera disponible sous la supervision des vétérinaires. Ceux-ci devront obtenir des permis d’importation pour l’administrer aux troupeaux de porcs canadiens. Selon Agriculture Canada, les études préliminaires ont permis de conclure que les porcs vaccinés produisaient des anticorps contre le virus de la DEP.