Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
WOTTON — Arnolait Metro Chalu peine visiblement à se déplacer. Le poids de ses 18 ans, presque l’équivalent d’une centaine d’années chez l’humain, ne l’empêche pas d’être la première à se rendre au pâturage. « Mami », pour les enfants, une vache d’exception qui a jusqu’ici produit plus de 203 029 litres de lait, parvient encore à « tasser » le reste du troupeau.
« Elle a beaucoup de caractère », reconnaît son propriétaire, Bernhard Arnold, précisant que l’animal n’aime pas se faire flatter la tête. Suisse d’origine, il est arrivé au Québec à huit ans. Avec l’aide de son père, il s’est établi à Wotton dans les Cantons-de-l’Est, « à partir de rien ».
Le producteur laitier est particulièrement fier de son animal, étant donné qu’à peine cinq vaches dans le monde ont franchi le cap des 200 000 litres de lait. Le record mondial est détenu par E Smurf, une vache de la ferme Gillette à Embrun, en Ontario, dont la production a atteint 240 000 litres. L’éleveur note toutefois que celle-ci profite de trois traites par jour, comparativement à deux seulement pour Arnolait.
« C’est comme si elle avait gagné le Tour de France ou la Coupe Stanley, illustre son propriétaire, un fervent amateur de sports. Pour y parvenir, ça prend un gabarit génétique exceptionnel et du confort. Ici, mes vaches vont aux champs 140 jours par année, nuit et jour. Le fait qu’elle a eu la chance de sortir dehors a certainement beaucoup aidé à sa longévité. L’exercice a fait la différence. »
« Je ne pousse pas mes vaches avec des concentrés, ajoute-t-il. Je leur donne surtout du fourrage et de l’ensilage de maïs. On utilise moins de 100 tonnes de grains par année pour produire plus de 600 000 litres de lait. Arnolait est sûrement la vache la plus productive de mon entreprise. Bien sûr, elle a déjà eu des rhumes, mais elle a une santé exceptionnelle. »
Arnolait Metro Chalu célébrera ses 18 ans le 30 octobre prochain. Sa mère, Bosen Automatic Chantic, a été inséminée avec la semence d’un taureau américain, Jo-Wal Cubby Metro. Le vendeur, Norman Carson, avait prédit à Bernhard Arnold que « ça battrait Rudolph », un champion du Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ).
L’éleveur avait acheté 10 doses, dont il a tiré deux génisses. La sœur d’Arnolait s’est révélée être une vache moyenne avec quatre lactations. Arnolait est arrivée à sa 15e et dernière lactation.
« Elle est née ici et elle va mourir ici », jure le propriétaire. Il a initié ses trois enfants à la traite avec Arnolait, persuadé qu’il n’avait pas à craindre ses ruades. La vache, qui a obtenu sept fois la mention Excellente par Holstein Canada pour sa conformation, n’a jamais bénéficié de traitement de faveur. Comme toutes les autres du troupeau, elle a profité d’une bonne litière pour la garder bien au sec. Seule exception, l’hiver dernier, elle a eu sa stalle personnelle afin de lui permettre de se lever plus facilement et de marcher à sa guise. À cet âge, l’exercice constitue encore le meilleur moyen de garder la forme, même pour une vache.
« C’est une dominante, raconte Bernhard Arnold. Dernière détachée, elle va tasser les autres pour être la première sortie. Tassez-vous, je m’en vais au champ! Elle l’a encore fait il y a 10 jours. On s’est dit : regarde la grand-mère, elle est encore la première. Au printemps, elle se met à manger de l’herbe aussitôt sortie. »
Le magazine américain Cowsmopolitan a d’ailleurs fait mention d’Arnolait Metro Chalu. Le contrôle laitier Valacta et Holstein Canada confirment que la production d’Arnolait atteignait aujourd’hui 203 029 litres.