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Après le vêlage, toutes les vaches vivent une situation communément appelée « balance énergétique négative ». En d’autres mots, les bêtes dépensent plus d’énergie (production laitière) qu’elles n’en gagnent (aliments) pendant les premières semaines de lactation. Elles doivent alors s’adapter en puisant dans leurs réserves.
Même si ça peut paraître surprenant, cette situation est parfaitement normale. Par contre, elle peut devenir anormale lorsque la balance énergétique négative est excessive. S’ensuivent alors une mobilisation importante des réserves de graisse des animaux et la production de corps cétoniques dans le sang. Vous connaissez probablement déjà ces derniers (bêta-hydroxybutyrates ou BHB), car on parle souvent d’eux dans les fermes. On les appelle généralement les BHB et quand leur concentration sanguine est trop haute, il s’agit d’hypercétonémie ou d’acétonémie subclinique. Cela augmente le risque d’avoir une faible production laitière, un mauvais succès à la première saillie, des problèmes de santé tels qu’un déplacement de caillette et de quitter le troupeau prématurément. C’est pour toutes ces raisons que la surveillance de l’hypercétonémie a été popularisée dans les fermes au cours des 15 dernières années.
Test de prévention
Lorsqu’on a une proportion trop élevée de vaches affectées par l’hypercétonémie dans un cheptel, soit 15 %, l’équipe producteur-vétérinaire-nutritionniste peut travailler à améliorer la situation en tentant de prévenir la maladie. La piste de solution la plus intuitive serait d’augmenter la quantité d’énergie ingérée par les bêtes après le vêlage. Malheureusement, le problème existait probablement déjà dans la très grande majorité de cas. Accroître l’apport énergétique après coup réglera rarement la situation.
Pour établir s’il y a un problème de mobilisation excessive de graisse avant le vêlage, il faut alors se tourner vers un autre paramètre sanguin : les acides gras libres (AGL). Ceux-ci permettent de déterminer si les vaches mobilisent les graisses de façon normale ou excessive. Ils donnent la possibilité de cibler les bêtes susceptibles de développer des maladies subséquentes, mais aussi de savoir si la régie alimentaire du cheptel avant le vêlage est adéquate.
Un exemple typique pour faire la surveillance des AGL serait de choisir un troupeau qui a trop d’hypercétonémie après le vêlage et pour lequel on a de la difficulté à cerner la cause du problème. Des prises de sang serviraient à quantifier les AGL durant les 7 à 10 jours avant le vêlage sur une douzaine de vaches. Les résultats permettraient de vérifier si celles-ci présentaient déjà un problème énergétique à ce moment, ce qui est fréquent, ou s’il est seulement apparu après le vêlage, ce qui est plus rare.
Or, tester les AGL est un peu plus compliqué et coûteux que d’obtenir un bilan des BHB. Mais est-ce que la différence de coût peut valoir la peine si l’on est incapable de régler la situation à la ferme? En tant que producteur, avez-vous déjà testé les AGL dans le sang de vos vaches? Il se pourrait que ça soit pertinent.
Troupeau à risque Selon une recherche réalisée en 2010 dans l’État de New York, avoir plus de 15 % des vaches dont les acides gras libres (AGL) sont élevés est un signe qu’il y a un problème dans la transition énergétique du troupeau. Beaucoup dépassent ce taux et les producteurs l’ignorent. |
Dr. Jocelyn Dubuc, M.V., professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal