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Les dindons provenant des élevages québécois se distinguent défavorablement de ceux produits ailleurs au Canada et aux États-Unis par une moindre qualité de la viande. Si les boutons et les kystes de poitrine sont l’une des causes identifiées pour expliquer ce mystérieux phénomène, les transformateurs ont depuis quelques mois les yeux tournés vers les méthodes de chargement et de transport des oiseaux, qui pourraient aussi avoir une incidence sur cette qualité.
« Ce n’est probablement pas la seule cause, mais c’en est assurément une », confie Sylvie Richard, secrétaire générale au Conseil québécois de transformation de la volaille (CQTV). Selon elle, les études menées sur les méthodes de chargement des oiseaux et leur transport entre le site d’élevage et l’abattoir démontrent jusqu’ici « qu’il y a une possibilité de travailler sur ces méthodes », rapporte-t-elle.
Chargement en deux étapes
Le chargement des dindons se fait généralement par un côté de la remorque, sur laquelle sont disposées des cages empilées sur quatre à cinq étages. Or, une méthode en deux temps, où les cages sont remplies à partir des deux côtés de la remorque, diminuerait l’intensité du chargement, estime le CQTV, et pourrait avoir un effet positif sur le bien-être des oiseaux.
L’équipement mécanisé représente également une autre méthode possible pour « adoucir l’intensité de ce chargement » et réduire les blessures, puisqu’il facilite la manipulation des oiseaux.
Or, ces changements ont un coût puisqu’ils impliquent un investissement dans de nouveaux équipements et une formation des employés à de nouvelles méthodes de chargement, reconnaît Mme Richard.
Pertes économiques
Néanmoins, elle estime que cette étape est devenue nécessaire pour toute la filière. « Il faut savoir que d’améliorer cette qualité de la viande d’un petit pourcentage peut avoir un très gros impact financier sur tout le monde », souligne-t-elle.
En effet, le pourcentage des oiseaux de grade A produit au Québec se situe bien en deçà des cibles attendues depuis de nombreuses années, ce qui diminue d’une part les montants payés aux producteurs, et qui contribue d’autre part à réduire la vitesse de la chaîne d’abattage, puisqu’une ligne doit être réservée aux oiseaux de grade U (utilité), où la découpe plus complexe en raison des boutons et des blessures qu’il faut enlever, demande un plus grand nombre d’employés. « Tout le monde perd dans cette situation, car on aimerait tous pouvoir transformer plus de dindons », fait remarquer Mme Richard.
De leur côté, les Éleveurs de volailles du Québec (EVQ) reconnaissent également ce problème de qualité de la viande, mais estiment qu’il y a encore trop d’inconnues pour pouvoir identifier correctement les améliorations à apporter. « On sait que les transformateurs ne nous payent que pour 35 % de grade A, alors qu’on nous demande d’en produire 75 %. Mais on ne sait pas ce qui se passe exactement entre le moment où les oiseaux quittent l’élevage en bonne santé et celui où ils arrivent à l’abattoir et sont déclassés », explique Pierre-Luc Leblanc, président des EVQ. L’organisation dit attendre que les transformateurs leur fournissent « une grille de qualité détaillée, avec des indicateurs plus fiables » afin de pouvoir mieux comprendre et évaluer les problèmes. « Ça fait partie de notre volonté d’améliorer la productivité. On est ouverts à l’amélioration », précise-t-il d’autre part.