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Il règne chez les Gagnon du rang Price à Saint-Adelphe une fébrilité certaine.
Ça se comprend, depuis quelques semaines les quatre propriétaires de la ferme L. & J. Gagnon installent leur production de dindons dans quatre nouveaux bâtiments construits au cours de l’année 2010 à moins d’un kilomètre de la résidence familiale.
« C’est un investissement de 1,7 M$ qu’on n’aurait pas pu réaliser tout seuls, ma femme Julienne et moi, explique M. Léon Gagnon. L’implication de deux de nos trois garçons, Éric et Sylvain, a été déterminante pour réaliser ce projet. C’est une réalisation de la famille. Le cadet, Alexandre, mécanicien de machinerie agricole, n’est pas intégré à la société, mais il n’est pas dit qu’il ne le sera pas un jour. »
L’intégration des enfants à la société allait de soi pour le couple Gagnon. « On a toujours fait en sorte que les enfants soient impliqués dans les opérations de la ferme », raconte M. Gagnon. Mais c’est au cours de la dernière année que le processus de transfert de la ferme familiale a été enclenché. Force est de constater que la démarche se déroule dans un climat harmonieux et que « tout le monde rame dans la même direction ».
Déjà en 2003, les quatre partenaires avaient investi dans la construction d’un couvoir à proximité du village de Saint-Adelphe. Le transfert de la ferme familiale apparaît donc comme la suite logique d’un processus enclenché il y a plusieurs années. « Pour nos nouvelles installations, nous sommes allés en visiter des semblables en Ontario », explique Sylvain Gagnon.
Les frères Gagnon sont aujourd’hui propriétaires à 20 % chacun de la ferme familiale. Ils avaient déjà à leur compte une première expérience de partenariat d’affaires puisque après leurs études respectives en productions laitière et porcine pour Éric et une technique agricole pour Sylvain, ils avaient acquis en 2002 une ferme qu’ils exploitent toujours.
La recette
Les membres de la famille avouent qu’ils doivent une bonne partie du succès de l’opération à l’étroite collaboration des membres de l’équipe du Service de comptabilité et fiscalité de la Fédération de l’UPA de la Mauricie. « Nous avons un lien de confiance de plusieurs années avec notre conseiller et c’est un atout important, explique encore M. Gagnon. Nous travaillons depuis plus de 25 ans avec M. Fernand Dessureault, notre comptable qui connaît notre dossier sur le bout de ses doigts. Quand nous lui avons annoncé que nous voulions travailler le transfert de la ferme, il était prêt. »
« Le premier conseil que je donne aux familles qui envisagent un transfert de ferme est d’entreprendre les démarches le plus tôt possible pour ne pas être pressé, indique M. Dessureault. Il faut éviter d’aller trop vite. Pour la famille Gagnon, par exemple, il a fallu environ un an pour véritablement préparer le terrain au processus de transfert, même si en étant leur comptable j’étais déjà au fait des états financiers de l’entreprise. »
Des services… essentiels!
En fait, dans cette longue préparation au transfert, les Gagnon ont bénéficié des services d’accompagnement du Centre régional en établissement agricole.
« Ça aurait été beaucoup plus compliqué sans les services que nous avons reçus, raconte Éric Gagnon. On a rencontré les membres de l’équipe aux deux à trois mois pour nous faire avancer dans le processus de transfert. »
« On forme vraiment une équipe multidisciplinaire, explique M. Martin Laneuville, du SGF, qui a élaboré le plan de gestion de la société en fonction de l’intégration des deux garçons. Il faut savoir prendre le temps de dresser un portrait fidèle de la nouvelle société pour s’assurer que tous les membres y trouvent leur compte. Pour cela, il nous faut déterminer avec précision les besoins des parents pour être certains qu’ils ne soient pas perdants. Il arrive que des parents sous-estiment leurs besoins et se retrouvent en difficulté. Notre rôle est notamment d’éviter ces situations. » Forts des recommandations, des spécialistes déterminent le niveau d’implication de leurs nouveaux associés et la période durant laquelle s’échelonnera le transfert de la ferme.
Mais il n’y a pas que les questions financières qui soient considérées dans un processus de ce genre. Mme et M. Gagnon ont également profité du service d’accompagnement psychologique afin de se préparer à ce nouveau partage de propriété. « Nous étions évidemment prêts à entreprendre le processus », indique M. Gagnon, ajoutant que l’accompagnement qui leur a été offert a permis de clarifier certains aspects des relations personnelles entre les membres de la famille afin de bâtir des relations d’affaires solides.
Tant et si bien que les Gagnon sont plus que jamais convaincus qu’ils bâtissent ensemble la ferme familiale de demain.