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Chaque semaine, des milliers de boucles d’identification vont directement à la poubelle.
Chaque semaine, des milliers de boucles d’identification vont directement à la poubelle. Plutôt que de servir à informer les consommateurs sur la provenance de la viande achetée en épicerie, cette traçabilité tombe à plat au moment de l’abattage. Au fil des ans, les boucles ont tout de même prouvé leur utilité. Elles sont devenues le numéro d’assurance sociale des bovins.
Claude Viel, le président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec, a profité du lancement de la politique de la souveraineté alimentaire pour relancer Québec. Il était là quand la traçabilité a été imposée aux éleveurs. Il se souvient bien de l’argument invoqué pour faire passer la pilule aux producteurs.
« C’était la traçabilité de l’étable à la table. On attend encore après la table », déplore-t-il. Ce dernier admet qu’il est fort « décevant » pour les producteurs de voir le sort réservé aux étiquettes de la traçabilité quand l’animal arrive à l’abattoir. Il ne se fait pas d’illusions et estime que la traçabilité arrivera dans les comptoirs de viande le jour où les consommateurs démontreront son importance.
« On pensait laisser le temps à l’industrie – trois, quatre, cinq ans – et que cela allait marcher, ajoute-t-il. Depuis, c’est bloqué là. Tout ce “tapon” de tags, ces 2 à 2,5 M$ tous les ans que les producteurs mettent aux oreilles de leurs troupeaux… C’est bon pour Allflex [le fabricant des boucles]. Oui, ça nous sert en partie, mais est-ce rentabilisé? On pourrait faire plus avec ça. »
Claude Viel convient qu’avec les années, les éleveurs se sont habitués à la traçabilité. Les boucles, dit-il, permettent notamment de payer les producteurs pour les bêtes livrées à l’abattoir.
Les versements d’assurance stabilisation sont également reliés aux numéros de la traçabilité. À l’encan, la boucle électronique sert aussi à afficher l’âge du bouvillon sur un tableau indicateur.
Dans certains cas, explique-t-il, la traçabilité a facilité le travail des éleveurs de pur-sang qui devaient fournir une photo de leur animal pour l’enregistrer. Holstein et Ayrshire se contentent aujourd’hui du numéro d’ATQ.
Le président constate toutefois que les récriminations des producteurs reviennent année après année. La gestion de la traçabilité, la fameuse paperasse, ainsi que le taux de perte des boucles font toujours rager les éleveurs, surtout dans le veau d’embouche. Les bovins élevés en pâturage représentent une grande difficulté. Les risques qu’un obstacle entraîne la perte des boucles sont nombreux. Pas facile dans ces cas de remettre l’étiquette au bon animal.
« Dans un troupeau de 150 vaches Angus noires, illustre-t-il, ça prend un fichu de bon œil pour les démêler. De plus en plus, les animaux ont les mêmes couleurs. Il n’y a pas plus noir qu’une Angus noire! »
Claude Viel rapporte que les producteurs se demandent toujours pourquoi les animaux ne pourraient être identifiés à leur sortie de la ferme comme dans le reste du Canada plutôt qu’à la naissance. D’ailleurs, il doute fort qu’on réussisse à convaincre les éleveurs de l’Ouest d’identifier leurs animaux à la naissance.
Question fiabilité, le président de la Fédération juge que les boucles n’ont pas vraiment été améliorées depuis 15 ans. Si elles ont été modifiées avec succès pour éviter de déchirer l’oreille des animaux, affirme-t-il, le taux de perte demeure trop élevé. Il rêve du jour où des puces électroniques pourront être introduites sous la peau des bêtes.