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La demande pour le lait de brebis est en effervescence. Bien que le nombre de producteurs dans ce secteur soit demeuré stable dans les dix dernières années, il y a une volonté chez les producteurs, dont ceux de la relève, de saisir une occasion qui s’offre à eux.
« Présentement, si je produisais le double de litres, mon acheteur, la Fromagerie de la Nouvelle-France, me les achèterait sans problème. Mais je ne peux pas doubler mon troupeau du jour au lendemain », expose Audrey Boulet, une productrice ovine de la relève, qui est propriétaire avec son conjoint des Brebis du Beaurivage, à Lévis dans Chaudière-Appalaches.
En quête de matière première
La Fromagerie Nouvelle-France, qui figure parmi les plus importants acheteurs de lait de brebis, est effectivement assoiffée depuis quelque temps. « On est toujours à la recherche de matière première, parce qu’on ne fournit pas à la demande, indique la copropriétaire Marie-Chantal Houde. Celle-ci donne même un coup de main à ceux qui souhaitent se lancer dans la production de lait de brebis. « Car on aimerait bien augmenter nos achats, mais le secteur n’a aucune structure en ce moment », constate-t-elle.
Une affirmation que confirme le producteur-transformateur Pascal-André Bisson, copropriétaire de la Fromagerie Le Mouton Blanc, située à La Pocatière dans le Bas-Saint-Laurent. Il est l’un des vétérans parmi la vingtaine de producteurs de lait de brebis actifs au Québec. « J’estime avoir développé un bon modèle génétique de brebis laitières. Mais ici [au Québec], c’est un peu chacun pour soi. Il y a autant de façons de faire que de producteurs », illustre-t-il.
Cette situation pourrait toutefois changer grâce à un projet en démarrage piloté par la Société des éleveurs de moutons de race pure du Québec (SEMRPQ). Le projet vise une mise en commun plus systématique des données génétiques des troupeaux du Québec via le système GenOvis. L’analyse de ces données pourrait permettre le développement progressif d’une lignée génétique plus performante pour la production laitière. « Le même type de structure existe déjà pour la production de viande ovine et il a donné de très bons résultats », explique Johanne Cameron, présidente de la SEMRPQ.
Un potentiel d’amélioration de 50 %
Frédéric Fortin, généticien au Centre d’expertise en production ovine du Québec, est aussi impliqué dans ce projet. Selon lui, il y a « clairement un potentiel de développement incroyable » pour la brebis laitière. « Si on compare à ce qui a été fait dans le développement génétique de la vache laitière, la productivité a pu être améliorée de 50 % », fait-il remarquer.
Le projet réjouit d’ailleurs plusieurs producteurs, dont Audrey Boulet, des Brebis du Beaurivage, et Annie Viens, de l’entreprise Flavora, qui y voient « une étape obligée pour passer à un deuxième niveau de production ».
Les organisateurs comptent toutefois sur l’obtention d’une subvention du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation pour permettre au projet de prendre son plein envol.
« Non, je n’aime pas ça! »
L’un des plus gros freins au développement du marché du lait de brebis est la confusion qu’il entretient encore avec le lait de chèvre. « Quand on veut faire découvrir nos yogourts et qu’on signale qu’ils sont faits de lait de brebis, plusieurs personnes répondent d’emblée : “Non, je n’aime pas ça!’’ C’est qu’elles croient que c’est la même chose que le lait de chèvre », rapporte la productrice et transformatrice Annie Viens, copropriétaire de l’entreprise Flavora, de Crompton en Estrie. « Mais c’est tout le contraire, ajoute-t-elle. Le lait de brebis a un goût beaucoup moins prononcé que le lait de chèvre. Ça se rapproche beaucoup plus du lait de vache, mais en plus gras, plus protéiné et plus sucré. » La fromagère Marie-Chantal Houde, de la Fromagerie Nouvelle-France, fait le même constat. « Pourtant, dans les marchés comme l’Europe, le lait de brebis est très recherché, mais ici, il est encore mal connu même si la situation tend à s’améliorer », souligne-t-elle.
La relève au rendez-vous
Malgré une hausse de la demande de lait de brebis ces dernières années, le nombre de producteurs est demeuré stable depuis 10 ans, indiquent les Éleveurs d’ovins du Québec. Il y a actuellement une vingtaine d’éleveurs dans ce domaine. Si plusieurs ont pris leur retraite au cours des dernières années, la relève est bien présente, ce qui a permis de maintenir le nombre de producteurs.