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Après six années en dents de scie, les producteurs de lait de chèvre du Québec voient la lumière au bout du tunnel. La récente mise en activité de l’usine de lait maternisé de la Canada Royal Milk à Kingston en Ontario, une division de la compagnie chinoise Feihe International, accroîtra la demande laitière caprine sur le marché québécois de 15 % par année pendant au moins cinq ans et augmentera, par le fait même, le potentiel de croissance de l’industrie québécoise.
La fermeture de l’usine d’Agropur à Saint-Damase en Montérégie, le retrait d’importants acheteurs au fil du temps et les volumes d’achat en constante diminution ont fait mettre la clé sous la porte à plus de la moitié des éleveurs laitiers caprins québécois en six ans. Aujourd’hui, 34 éleveurs produisent près de 6 millions de litres par année. La Canada Royal Milk, qui approvisionnera la Chine et l’Asie en lait maternisé en poudre, souhaite transformer, à moyen terme, 20 millions de litres par année. Cela permettrait aux éleveurs québécois de tripler la production à terme.
Le responsable du dossier aux Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ), Christian Dubé, affirme que pour l’année 2023, l’entreprise a déjà fixé un volume et un prix avec les éleveurs ontariens. « De notre côté, on va s’engager pour des volumes pour l’année prochaine et un peu cette année, mais eux veulent avoir des ententes sur cinq ans, des ententes à long terme », dit-il. Le frein à la croissance immédiate des éleveurs québécois est la disponibilité des animaux, estime M. Dubé, qui rappelle qu’une chèvre prend entre 12 et 15 mois pour atteindre la maturité de produire du lait. « C’est ça qu’on leur a expliqué. Ils veulent du lait pour demain matin, mais il y a des délais, et de notre côté, ça va prendre des nouveaux producteurs », mentionne Christian Dubé.
Une nouvelle solution aux surplus
Bien que la production laitière caprine ne soit pas sous gestion de l’offre, les éleveurs tentent d’arrimer les besoins des acheteurs aux volumes à produire. Il n’y avait pas, jusqu’à maintenant, de mécanismes pour gérer les surplus de lait produits en période de pointe, soit au printemps et à l’été. Or, la multinationale Feihe s’est déjà engagée à acheter les surplus de lait des éleveurs québécois. « Ce qui est intéressant avec Feihe, c’est qu’ils font de la poudre de lait. C’est merveilleux parce que quand on est pris avec du lait frais, il faut le passer quelque part et là, on a une alternative équivalente à ce qui se fait dans le lait de vache qu’on n’a jamais eue dans le lait de chèvre, explique Christian Dubé. Ça fait 27 ans que je suis en production et ça fait 27 ans qu’on se demande ce qu’on fait avec les surplus et qu’on n’a jamais de solutions. »
Les PLCQ s’affairent à évaluer les quantités annuellement produites en surplus et à analyser les différentes options de transport jusqu’à Kingston. Les ententes entre la Canada Royal Milk et les éleveurs québécois et ontariens seront dévoilées le 25 avril lors d’une annonce officielle à l’usine de Kingston.