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MIRABEL – Munis d’un bon manteau, plusieurs producteurs laitiers ont visité, le 8 décembre, une étable de la Ferme Franot, construite en 2018. Dehors, le mercure frôlait les -15 °C cette journée-là. Or, le vaste bâtiment, où sont logées 270 vaches en lactation, n’était ni isolé ni chauffé.
« C’est peu conventionnel », a reconnu d’entrée de jeu Joël St-Pierre, l’un des copropriétaires. Ce dernier a présenté le modèle d’affaires de son entreprise à l’occasion du Rendez-vous d’expertise sur les fermes de 100 vaches et plus, qui s’est déroulé du 7 au 9 décembre à Saint-Sauveur, dans les Laurentides. Après la présentation, les participants ainsi que La Terre se sont rendus à la ferme de Mirabel pour voir les installations de plus près.
« On a choisi de faire construire une étable froide, parce que ça revenait beaucoup moins cher [qu’une étable isolée]. Les coûts de construction augmentent, mais le prix du lait ne suit pas, a souligné le producteur. On s’en va un peu vers ça. Essayer d’être efficace en sauvant des coûts. »
En 2018, les copropriétaires de la ferme familiale ont convenu que des investissements étaient de mise, puisque les installations étaient devenues trop petites par rapport au cheptel. « Trois cent trente kilos de quota dans une étable de 200 places, ça ne marchait plus. »
Une étable froide en stabulation libre de 358 logettes, à laquelle est annexée une salle de traite isolée, a donc été construite au coût de 3 M$. M. St-Pierre estime avoir ainsi économisé 1 M$ en matériaux et en main-d’œuvre. En limitant l’endettement, il dispose de liquidités pour investir ailleurs, notamment pour l’acquisition de terres.
Vaches tolérantes au froid
La production laitière de ses vaches ne serait pas affectée par les basses températures à l’étable. Même qu’elle s’est améliorée depuis trois ans, a-t-il constaté, grâce aux ajouts qui ont été faits pour assurer le confort des animaux. Les logettes, à titre d’exemple, contiennent des lits de sable. La ferme dispose aujourd’hui d’un quota de 411 kg de matière grasse par jour. La production par vache sur une année s’élève à environ 10 800 kg, soit un résultat plus élevé que la moyenne.
« C’est sûr que quand il fait -30, on met plus de maïs dans la ration des vaches pour leur donner de l’énergie et qu’elles se réchauffent », a précisé M. St-Pierre. Questionnée sur le sujet, Debora Santshi, directrice de l’innovation et du développement chez Lactanet, a confirmé que ces animaux tolèrent très bien le froid, à condition d’ajuster adéquatement la ration qu’on leur donne lorsque nécessaire.
Bouger pour se réchauffer
Les copropriétaires de la Ferme Franot embauchent trois travailleurs guatémaltèques et un québécois qui les aident pour la traite des vaches et divers travaux. Joël St-Pierre assure que la température ambiante à l’étable durant l’hiver est tolérable, à condition d’être bien habillé.
« On bouge pour se réchauffer », a-t-il dit en riant, reconnaissant avoir hâte à un redoux lorsque le mercure descend à -30 °C plusieurs jours d’affilés.
« Lorsqu’il fait -40, on ferme la porte de la salle de traite, qui elle, est isolée », a-t-il détaillé, soulignant que la température dans cette pièce est maintenue à 2 ou 3 °C et que les planchers y sont chauffants. La traite se fait trois fois par jour. Comme les travailleurs sont constamment en mouvement pour déplacer les vaches d’une pièce à l’autre, ils parviennent à se réchauffer, a-t-il fait valoir.