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Les éleveurs d’animaux destinés à la consommation humaine (porcs, bovins, volailles) n’ont plus de marge de manœuvre au sujet du bien-être animal.
À l’ère des médias sociaux, une caméra cachée peut révéler de mauvais traitements qui vont se répandre à la vitesse d’Internet. Si bien que les éleveurs doivent toujours montrer patte blanche.
La preuve en a encore été faite, il y a quelques jours, avec la diffusion sur Internet d’une vidéo montrant la cruauté envers des porcelets et des truies dans une ferme porcine du Manitoba.
Les éleveurs ont tout intérêt à conserver ou à regagner la confiance du public au chapitre du bien-être animal, a souligné Charlie Arnot, chef de la direction du Center for Food Integrity, lors du Rendez-vous avicole de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC) en novembre dernier, à Drummondville. Le Centre, qui a des membres aux États-Unis et au Canada, est un organisme à but non lucratif qui vise à renforcer la confiance des consommateurs envers l’industrie agroalimentaire moderne.
« L’acceptabilité sociale permet aux éleveurs de travailler avec un minimum de restrictions formelles (lois, règlements ou exigences du marché), a noté M. Arnot. Ça coûte six fois moins cher d’exploiter une ferme dans les États américains où la confiance du public a permis d’éviter l’adoption de lois ou de règlements contraignants pour tous les éleveurs, alors que les mauvais traitements sont souvent des cas isolés. »
Que faire?
Comment convaincre les consommateurs que la viande qu’ils mangent provient d’animaux bien traités? Chose certaine, invoquer l’application de normes basées sur la science ou le respect de règlements ne suffit plus pour convaincre qu’une ferme respecte ses animaux, a fait valoir M. Arnot. L’argument selon lequel les éleveurs prennent soin de leurs animaux, vu que c’est leur gagne-pain, ne satisfait plus non plus. Et il est acquis que les consommateurs ne paieront plus pour le bien-être animal qui constitue, à leurs yeux, une tâche normale des éleveurs, a ajouté le conférencier.
Il faut donc s’y prendre autrement. La confiance des consommateurs envers les pratiques d’élevage « ne se fonde pas d’abord sur des choix logiques ou rationnels ni sur la science, mais sur des valeurs partagées », a avancé M. Arnot. D’après lui, les éleveurs doivent dire au public combien le bien-être animal est important pour eux et qu’ils se reconnaissent une obligation éthique envers leurs animaux.
Une étude menée sur trois ans auprès de 6000 personnes a révélé que « le partage de valeurs communes [compassion, justice, respect, responsabilité] avec les consommateurs est de trois à cinq fois plus efficace pour bâtir cette confiance que la démonstration de compétence, qui ne vient qu’ensuite en renfort », a affirmé M. Arnot.
Et comme la plupart des éleveurs appliquent déjà ces valeurs, il s’agit donc, selon lui, de le faire savoir au public. « Les agriculteurs doivent profiter de toutes les tribunes, y compris les médias sociaux, pour démontrer que le bien-être animal fait partie de leurs valeurs, même si la taille de leur ferme a changé. »
Cela dit, la démarche sera plus facile pour les éleveurs qui exploitent des fermes familiales, plus proches des attentes du public.