Élevage 29 août 2014

Intégrés et fiers de l’être

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Dans le débat qui entoure l’intégration, les principaux concernés, les producteurs à forfait, sont souvent silencieux. Mais que pensent-ils de leur situation?

La Terre vous présente la vision de deux producteurs qui sont intégrés et qui sont fiers de l’être.

Producteur de porcs à L’Épiphanie, dans Lanaudière, Bernard Pitre se fond parfaitement dans le moule de l’intégration. Durant ses 27 années dans l’élevage porcin, M. Pitre a tâté pendant un an de la production indépendante. Une année cauchemardesque, marquée par de graves problèmes de maladie. « Je m’en souviens encore. Je me pensais plus fin que les autres et j’ai failli faire patate », lance le copropriétaire des Porcheries BR, qui possède un engraissement de 5000 places.

Pour une entreprise d’une telle taille, l’approvisionnement en porcelets s’avérait problématique avec le modèle indépendant. « Je suis maintenant dans une filière de 4000 truies. Je reçois mes porcelets en monosource. C’est un gros avantage. Ils font rouler mon site beaucoup plus vite », assure-t-il, lui qui confie apprécier également la sécurité de revenu qu’apporte l’intégration.

M. Pitre touche de 20 à 21 $ par porc. « Certains disent que je ne reçois pas assez pour mes cochons. J’aimerais ça, avoir 22, 23 ou 24 $ par cochon, mais je pense que le marché n’est pas là. Les quatre ou cinq gros intégrateurs sont pas mal tous honnêtes et donnent une juste valeur, poursuit l’éleveur, pour qui le « chiffre magique » se situe à 20 $. On entend des histoires d’horreur à 15 $ par cochon, mais est-ce que c’est vrai ou pas? » s’interroge-t-il.

Le sort des indépendants

Bernard Pitre se considère comme un producteur à part entière qui pourrait regagner son « indépendance », s’il le voulait, ce qui n’est pas le cas. « Je ne suis pas au pied du mur. C’est une très belle relation d’affaires. Si je voulais, demain matin, je pourrais quitter mon intégrateur si une banque acceptait de me financer », assure-t-il.

Dannick Chaput ne se lancerait pas à son compte, lui non plus. D’ailleurs, autour de lui, les indépendants tombent comme des mouches. « Même des gens qui sont bien solvables, mais qui sont lassés parce qu’il n’y a plus de rendement à produire à leur compte. Fin 2012, ils vont être en voie d’extinction », calcule-t-il.

Pour sa part, Bernard Pitre croit qu’il existe toujours un avenir pour les producteurs indépendants, mais à condition d’avoir « de bons partenariats d’affaires avec les abattoirs ». « Il y aura toujours de la place pour les indépendants, mais ça va prendre beaucoup d’efficacité », ajoute-t-il. Copropriétaire des Porcheries BR avec son frère Richard depuis 1985, il se désole de la tension qui règne entre les deux modèles de production. « C’est dommage que nous nous chicanions entre nous. J’aimerais ça qu’un jour l’harmonie revienne, que chacun fasse son profit », termine-t-il.