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Chaque semaine à l’étable, les producteurs laitiers doivent prendre une importante décision d’affaires : conserver une vache dans le troupeau au risque qu’elle tombe malade dans la prochaine année ou la remplacer tout de suite par une génisse ou une taure. Bientôt, l’intelligence artificielle permettra d’anticiper la réponse à cette question deux ans avant que le producteur ne se la pose.
Algorithmes
Un consortium de recherche, piloté par le chercheur Abdoulaye Baniré Diallo, de l’UQAM, a pour projet de développer des algorithmes qui permettront aux producteurs d’utiliser l’intelligence artificielle afin d’optimiser la production laitière dans un horizon de trois à sept ans.
Le choix de conserver ou de réformer une taure n’est qu’un exemple de ce que l’outil permettra d’accomplir, selon Marc-André Sirard, professeur à l’Université Laval, qui collabore au projet de recherche. « On veut s’en servir pour justement créer des algorithmes d’intelligence artificielle qui vont dire que dans tel type de ferme, on réalise que tel type de vache a une rentabilité plus grande, qu’il faut la garder dans le troupeau contrairement à une autre dont les chances d’être malade sont plus élevées et qu’on est mieux de prendre une remplaçante qui a un meilleur profil, par exemple », souligne le professeur.
Valacta
C’est grâce aux trois milliards de données que possède le centre d’expertise en production laitière Valacta que cet exercice est possible. Selon Mickaël Camus, le cofondateur de Mims, l’entreprise qui traite les données de Valacta, l’objectif est de conseiller le producteur à prendre les meilleures décisions pour optimiser sa production. « L’objectif, c’est d’utiliser les anciennes données [concernant une vache ou un troupeau], de les comparer aux nouvelles données qui vont entrer et de prédire à quel moment on doit “sortir” telle ou telle vache », indique-t-il.
S’il fonctionnait, le modèle permettrait de prédire le profit de la lactation à venir sur la prochaine année ou la suivante (sur deux ans, en fait), en fonction de la génétique de la vache et de ses performances, explique pour sa part le porteur du projet chez Valacta, René Lacroix. « C’est possible. Maintenant, quelle qualité de prédictions on va pouvoir atteindre? C’est ce qui sera déterminé par le projet », poursuit-il.
René Lacroix précise que le projet utilisera les données des producteurs, mais qu’elles seront protégées, puisque l’un des professeurs collaborant au projet est spécialisé en cybersécurité et en cryptage de données.
Aller plus loin
Les vaches sont depuis longtemps sélectionnées pour leur valeur génétique, mais l’environnement dans lequel elles évoluent n’est pas pris en compte à l’heure actuelle, souligne le professeur Sirard. « Cette vache est bonne, mais bonne où? Dans une ferme moyenne avec des conditions moyennes? On ne fait jamais d’ajustements à savoir si cette vache et cette génétique nécessitent un producteur qui est très minutieux et qui frotte ses vaches ou pas, poursuit Marc-André Sirard. On voudrait s’améliorer de ce côté-là aussi. »
Mickaël Camus croit d’ailleurs que la technologie qu’il contribue à développer pourra éventuellement être applicable aux secteurs porcin et avicole.