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SAINT-BERNARD – Alors que les éleveurs de porcs du Québec font face à d’importantes baisses d’achats de porcs de leur principal acheteur Olymel, des producteurs indépendants de Chaudière-Appalaches ont organisé une rencontre, le 3 mai, pour discuter de leur avenir.
« Les éleveurs de porcs indépendants, qui sont les premiers touchés par ces coupures, se demandent s’il y a encore un avenir pour eux dans la production, explique l’organisateur de la soirée, Cécilien Berthiaume. On a donc voulu faire cette rencontre pour qu’ils puissent exprimer leurs inquiétudes et leurs frustrations, mais aussi pour pouvoir trouver des solutions », dit-il.
Une cinquantaine de personnes étaient attendues. Il y en a eu environ 200, provenant principalement de la région de Chaudière-Appalaches.
Plusieurs fermetures anticipées
Travaillant avec les éleveurs de porcs depuis près de 40 ans, le consultant Denis Champagne s’est adressé aux éleveurs en ouverture de la rencontre. « Des transferts de ferme, j’en ai fait plusieurs dans ma carrière. Mais quand un producteur vient me dire que son plus grand regret, c’est d’avoir transféré son entreprise à son fils, c’est difficile à entendre », a-t-il confié avec émotions.
Le consultant spécialisé en production porcine dit avoir reçu de nombreux appels d’éleveurs en détresse depuis l’annonce d’une coupe temporaire de 40 $ par 100 kg sur le prix de Pool pour les porcs vendus. Une baisse qui s’ajoute à d’autres, dont celle épongeant une partie des coûts de la grève des employés de l’usine Olymel de Vallée-Jonction et du détournement des porcs désassignés par le transformateur depuis mars 2022.
« Dans quelques mois, la marge de crédit de plusieurs producteurs sera accotée. On ne pourra pas continuer longtemps comme ça. Il faut trouver des solutions, car ce serait surprenant que la situation aille mieux pour Olymel dans deux mois », a exprimé un producteur.
Julien Santerre, président du comité finisseurs aux Éleveurs de porcs du Québec, et son homologue René Roy, président des Éleveurs de porcs de la Beauce, étaient présents à la rencontre pour répondre aux questions des producteurs. « On reconnaît que la communication aurait pu être mieux, mais on a souvent dû travailler dans l’urgence, et ce n’était pas toujours possible d’informer les producteurs [avant d’annoncer les coupes] », a commenté M. Santerre, qui a promis que cet aspect sera amélioré dans la mesure du possible.
Celui-ci a révélé que les Éleveurs de porcs étaient actuellement en mode actif de « gestion de la décroissance ». « Il y a plusieurs façons de gérer cette décroissance de manière organisée, et le premier bout est de revoir la désassignation des porcs de proximité [soit ceux produits par les éleveurs indépendants]. » Cet aspect fait partie des négociations en cours pour le renouvellement de la Convention de mise en marché, a-t-il révélé.
Des éleveurs ont d’ailleurs signalé, à cet égard, que la désassignation devrait plutôt être répartie de manière égale entre tous les producteurs, indépendants et intégrés, afin que tous subissent les effets de cette décroissance. Cela éviterait de faire en sorte qu’« Olymel annonce de nouveaux développements de fermes porcines pendant que des producteurs indépendants sont forcés de fermer leurs portes », a signalé un éleveur.
Plusieurs autres solutions ont été débattues pendant la rencontre, qui aura permis aux participants de ressortir plus informés, mais toujours aussi inquiets par rapport à l’avenir, ont confessé nombre d’entre eux.