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L’utilisation d’un fumier bovin bien équilibré peut parfois suppléer à l’emploi d’engrais minéraux dans les champs, un effet bénéfique autant pour le portefeuille du producteur que pour la santé des cultures.
« La règle générale à retenir, c’est qu’un lisier libère plus rapidement sa valeur fertilisante qu’un fumier solide », explique l’agronome Jocelyn Magnan. Le lisier se comportant comme un engrais chimique, on l’appliquera sur des plantes en croissance active comme le maïs au moment où le plant présente de quatre à six feuilles et que ses besoins en azote sont grands.« Pour des céréales comme l’orge et le blé dont la croissance exige de l’azote tôt au printemps, on recommande d’épandre le fumier solide à l’automne précédent. Pour le maïs, on suggère de l’appliquer au champ au printemps. Dans les deux cas, il aura le temps de libérer son azote juste au moment où les plants en auront besoin. C’est une question de timing », poursuit le consultant en agriculture et agroenvironnement.
Qu’il s’agisse de lisier provenant d’un élevage de veaux lourds ou de fumier de bovins de boucherie, la quantité de matière épandue dans les champs nécessitera des doses variables pour atteindre le même résultat. « La différence, c’est la concentration des éléments fertilisants, c’est-à-dire l’azote, le phosphore et le potassium. Le lisier de veau de lait sera moins fort en azote que celui du bovin de boucherie par exemple. C’est la caractérisation qui va te donner le portrait », précise le consultant.
Le producteur de veaux de lait à Acton Vale Frédéric Côté utilise son lisier pour le déverser sur ses 33 hectares de culture de soya et de maïs, au printemps et à l’automne. « J’ai un surplus dont un producteur, à qui je loue mes terres, se sert pour enrichir ses prairies après la première coupe », explique l’agriculteur. C’est en faisant passer son troupeau de 500 têtes à 825, il y a quelques années, qu’il a dû utiliser cette solution pour écouler son excédent. Mais comme le lisier de veaux de lait est pauvre en azote, il doit recourir à des engrais minéraux pour compléter son plan de fertilisation. « Ce n’est pas un fumier qui est riche », spécifie Frédéric Côté.
Entreposage et caractérisation
Autant pour le fumier solide que le lisier, l’entreposage dans des ouvrages de stockage étanches est généralement obligatoire. La fosse fermée circulaire va de soi pour le lisier, qui sera pompé directement dans la citerne de l’épandeur en vue d’une application au champ. Le fumier solide sera quant à lui évacué de l’étable avec une montée d’écureur pour être déposé sur une dalle de béton idéalement munie de murets pour empêcher les écoulements. L’utilisation d’un purot sera nécessaire si on veut séparer l’urine du fumier solide.
« La matière obtenue s’appelle du purin et elle a les mêmes caractéristiques que le lisier, c’est-à-dire qu’elle libère son azote très rapidement. On va l’épandre dans une prairie de graminées après la première coupe ou dans un champ de blé ou d’orge lorsque les plants commencent à avoir deux à quatre feuilles », recommande l’agronome. Avec l’obligation de présenter annuellement son bilan phosphore au ministère de l’Environnement, il n’y a théoriquement aucun surplus de fumier bovin dans les fermes québécoises puisque les producteurs doivent démontrer qu’ils ont suffisamment de superficies de culture pour l’épandre tout en respectant la capacité du sol à l’absorber. « Pour les gros intégrateurs qui n’ont pas suffisamment de terres, ils vont devoir soit en louer ou signer des ententes d’épandage pour valoriser le phosphore contenu dans leurs effluents d’élevage », souligne Jocelyn Magnan.
Elle aussi obligatoire, la caractérisation des fumiers et des lisiers s’avère pertinente sur deux aspects. Elle est à la fois essentielle pour valoriser de façon appropriée son fumier/lisier dans le champs, mais est aussi souvent un bon reflet du mode de gestion de la ferme. « L’alimentation du troupeau, le confort des animaux, tout ça a un impact sur le contenu des éléments fertilisants de la matière organique. Si tu as un fumier riche en potassium jumelé avec un sol haut en potassium, ça va te prendre plus de terres pour le valoriser ou bien il faudra que tu revoies l’alimentation et la gestion de ton troupeau », tranche l’agronome.
Bernard Lepage, collaboration spéciale