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Les éleveurs ovins de race pure du Québec peinent à répondre à une demande accrue de béliers de reproduction et de brebis prolifiques depuis quelques mois. Certains ont même des listes d’attente allant jusqu’en 2024.
« Ça fait environ deux ans qu’on a un an d’attente, mais je dirais que je n’ai jamais roulé avec autant d’attente depuis le printemps dernier. Je ne fournis pas », confie Sylvain Blanchette, propriétaire de la Ferme Ovimax située à Saint-Philippe-de-Néri dans le Bas-Saint-Laurent, dont le carnet de commandes pour les brebis et béliers de race Arcott Rideau est rempli pour les trois prochaines années. « Et ce n’est pas de petites quantités qu’on nous demande, poursuit-il. J’ai 14 béliers qui partiront en même temps dans quelques jours. Ils sont réservés depuis un an par un éleveur de l’Ontario. C’est la première fois que je vis ça, vendre autant de béliers d’un coup », mentionne-t-il.
Selon lui, la situation s’expliquerait par une combinaison de facteurs, incluant le bon prix de l’agneau sur les marchés, mais également par un changement d’approche de plusieurs éleveurs commerciaux, qui ne veulent plus acheter de moutons « qui ne seront pas payants ».
Un modèle unique
Le Québec aurait d’ailleurs une longueur d’avance sur les autres provinces canadiennes par rapport à la qualité de ses modèles génétiques, indique M. Blanchette, qui remarque que depuis quelques années, ses acheteurs proviennent de plus en plus de l’Ontario et de l’Ouest canadien.
Cette situation réjouit Cathy Michaud, directrice générale de la Société des éleveurs de moutons de race pure du Québec. « C’était un peu notre objectif [d’en arriver là] avec notre plan d’affaire 2017. Nous nous sommes inspirés de ce qui se fait dans la vache laitière en développant un schéma d’évaluation adapté aux ovins de races de boucherie et de races prolifiques. On a ensuite un classificateur qui fait la tournée des fermes pour évaluer la génétique des troupeaux tout en transférant ses connaissances aux éleveurs, qui peuvent ainsi progresser dans leur sélection des meilleurs modèles », explique-t-elle.
Entre-temps, ce petit succès du modèle québécois ferait beaucoup d’envieux dans les autres provinces. « L’Ontario, entre autres, aimerait acheter le modèle de classification maison que nous avons développé », mentionne Mme Michaud, qui spécifie que pour l’instant, le Québec est encore la seule province canadienne à appliquer ce modèle.
Un contexte favorable à la relève La forte demande pour les modèles génétiques ovins du Québec rend le contexte idéal pour le démarrage de nouvelles productions, estime Cathy Michaud, directrice générale de la Société des éleveurs de moutons de race pure du Québec, puisque les fermes existantes n’arrivent pas à répondre aux besoins du marché. Le producteur Sylvain Blanchette, qui a démarré son entreprise Ovimax en 2004, croit que ceux qui démarreront aujourd’hui arriveront à rentabiliser leur production en deux ou trois ans, alors qu’il lui en a fallu 15 pour en arriver là. Il invite toutefois les éleveurs qui pourraient être tentés d’augmenter leur production pour répondre plus rapidement aux besoins du marché d’être prudents. « C’est la pire gaffe qu’on pourrait faire », estime-t-il en précisant que cette stratégie ferait baisser la qualité génétique des modèles. |