Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les producteurs laitiers des régions de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et d’Abitibi-Témiscamingue disposent depuis 2019 d’une priorité d’achat de quota visant à freiner la décroissance dans ces régions éloignées. Plusieurs agriculteurs se sont prévalus depuis trois ans de cet avantage pour augmenter leur cheptel et investir dans leurs installations.
« Ça a toujours été une saignée ici », fait remarquer le président sortant des Producteurs de lait de l’Abitibi-Témiscamingue, Gabriel Rancourt. « Il y a 30 ans, on avait 420 fermes dans la région. Aujourd’hui, il en reste 92. […] On remarque aussi que le quota par ferme est bien plus petit que la moyenne provinciale », dit-il. En date du 31 décembre 2021, l’Abitibi-Témiscamingue comptabilisait en effet 92 fermes détenant environ 67,52 kg de MG/jour chacune, alors que la moyenne provinciale se situe plutôt à 87 kg de MG/jour. En Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, les 12 fermes répertoriées détiennent quant à elles en moyenne 64 kg de MG/jour.
Aussi, le nombre de producteurs laitiers dans l’ensemble du Québec est passé d’environ 8 200 en 2002 à 4 643 en 2021, soit une baisse de 43 %. Sur la même période en Gaspésie et en Abitibi-Témiscamingue, le nombre a plutôt dégringolé de 63 % et de 50 %. « La décroissance du nombre de fermes laitières, c’est partout, mais dans nos régions, la baisse est plus importante », fait valoir le président des Producteurs de lait de la Gaspésie-Les Îles, Normand Barriault.
Pour remédier à la situation, des changements ont été apportés aux règles de transferts de quotas en 2019 pour ces régions, à la demande des Producteurs de lait du Québec et avec l’approbation de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec.
Un regain et des investissements
En 2021 et en 2022, la quantité de quotas mise à la disposition des agriculteurs de la Gaspésie et de l’Abitibi-Témiscamingue de manière prioritaire correspond à la différence entre le quota vendu et acheté l’année précédente dans chacune de ces deux régions. Lorsqu’une exploitation ferme ses portes sur l’un de ces deux territoires, le quota à racheter est donc retourné en grande partie aux agriculteurs de la région concernée au lieu d’être mis à la disposition de tous les producteurs du Québec par l’entremise du système centralisé.
« Le but, c’est d’empêcher le plus possible le quota de sortir. Au moins, quand un producteur quitte, son quota peut être racheté par les producteurs de la région. Faites une offre [d’achat de quota] qui reflète vos besoins et c’est presque sûr que vous allez l’avoir », fait valoir Gabriel Rancourt, qui, à titre personnel, détient aujourd’hui 140 kg de MG/jour, alors qu’il en avait 85 en 2017. « Sans le programme, j’en aurais encore en bas de 100 », estime le producteur de Poularies en Abitibi. Celui-ci est en mesure, avec ce droit de produire supplémentaire, de rentabiliser son étable neuve et ses deux nouveaux robots de traite.
Michel Robert, producteur à Saint-Eugène-de-Guigues au Témiscamingue qui prend la relève de Gabriel Rancourt à titre de président régional, raconte quant à lui avoir obtenu 25 kg de MG/jour, en deux mises, sur deux mois. Cet achat lui permet de remplir son étable agrandie et modernisée récemment.
Du côté de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, la réalité est un peu différente, étant donné qu’il ne reste que 12 fermes laitières sur le territoire. Le quota moyen par exploitation a bondi de 53 kg de MG/jour à 64 kg de MG/jour, de 2020 à 2021, principalement grâce au système de priorisation. En contrepartie, la quantité de fermes restantes appelées à fermer et à laisser du quota à d’autres agriculteurs diminue. « Le programme nous donne un coup de pouce, mais c’est certain que ça atteint une limite. Ce qu’on remarque par contre, c’est que la priorisation a un effet levier. Il y a un engouement pour la croissance et les investissements », observe Normand Barriault.
Pier-Luc Lajoie, producteur à Carleton-sur-Mer, est d’ailleurs parvenu à faire l’acquisition de 28 kilos de quotas l’an dernier. « Il y a des mois que je misais 8 kilos et que je recevais 8 kilos. D’habitude, quand tu mises ça et que tu en obtiens 0,2, c’est beau », témoigne le producteur qui explique avoir profité au moment opportun du départ de deux de ses confrères. « J’ai été chanceux. Je suis tombé sur la bonne année », souligne celui qui peut lui aussi, grâce au quota acquis, rentabiliser un agrandissement d’étable.