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Les détaillants le réclament et les consommateurs le recherchent aussi de plus en plus. Le dindon du Québec élevé sans antibiotiques demeure néanmoins une rareté. La volonté d’offrir le produit à un coût abordable et de pouvoir répondre à la demande est là, mais les défis sont importants.
Chez nos voisins du Sud, plusieurs grandes chaînes de restaurants ont déjà annoncé que les volailles qu’elles achètent devront bientôt avoir été élevées sans antibiotiques. « Si vous ne vous adaptez pas au marché, cette clientèle vous échappera dans un avenir très rapproché. C’est le consommateur qui dicte maintenant la direction à prendre », lance d’emblée Peter Gruhl, directeur général de Hybrid Turkeys aux États-Unis, un leader de la sélection et de la distribution de patrimoine génétique de dindes.
Une production à grande échelle n’est évidemment pas sans poser un certain nombre d’obstacles à la santé des oiseaux. Les Éleveurs de volailles du Québec, tout comme leurs homologues ailleurs en Amérique du Nord et en Europe, tentent de trouver des avenues. « Ce qui est sûr cependant, c’est que l’élevage sans antibiotiques requiert d’être proactif. Il faut apprendre à voir les problèmes avant qu’ils n’apparaissent », indique M. Gruhl.
Si aucune donnée spécifique concernant les coûts de production et le nombre d’exploitants engagés dans l’élevage de dindons sans antibiotiques ne peut être divulguée du côté des Éleveurs, on sait que le secteur du dindon regroupe au Québec un peu plus de 150 producteurs, qui génèrent une activité économique de quelque 785 M$. Près de 4,7 millions de dindons ont été élevés chez nous en 2016.
Rappelons au passage que dans l’élevage traditionnel, seules des doses infimes d’antibiotiques sont administrées aux oiseaux pour prévenir les maladies et qu’une période de retrait doit être observée avant leur mise en marché. Aucun antibiotique n’est donc présent chez le dindon offert aux consommateurs. Malgré tout, les Éleveurs de volailles investissent dans la recherche afin de trouver des solutions de remplacement aux antibiotiques.
Quelques conseils
En attendant les résultats des études en cours, Peter Gruhl donne un certain nombre de conseils à qui souhaite entreprendre le virage de l’élevage de dindons sans antibiotiques. Il suggère par exemple des cycles de placement plus longs, une densité de population plus faible et le choix d’une seule tranche d’âge. L’environnement des oiseaux doit par ailleurs être soigneusement protégé et soumis à un programme de contrôle rigoureux.
« Les mesures de biosécurité revêtent une importance capitale. Le lavage régulier et la désinfection des lignes d’eau et de l’équipement sont également essentiels. Il faut porter attention à tous les facteurs de stress, qui favorisent les problèmes d’entérite hémorragique. Le bâtiment doit offrir des conditions stables en ce qui concerne la température, l’humidité et le CO2. Une litière sèche est à privilégier », résume le directeur général de Hybrid Turkeys.
Sur le marché
Quoique nombreux, les défis associés à l’élevage de dindons sans antibiotiques n’ont pas empêché Olymel de faire un premier pas pour occuper ce nouveau créneau. « Le produit est en vente depuis juillet dernier sous la marque Flamingo. Si le projet a démarré plutôt timidement, il sera relancé à la faveur de l’assouplissement de la réglementation », mentionne le vice-président à l’approvisionnement en volailles d’Olymel, Yvan Brodeur.
En août 2016, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a en effet réduit les exigences liées à l’obtention de l’allégation du type « nourri sans antibiotiques ». « Ça a pour conséquence de diminuer les coûts à la ferme et le prix de vente, ce qui crée une opportunité », fait valoir M. Brodeur. Pour sa part, Exceldor n’offre pas encore le produit, mais dit en « évaluer tous les aspects ». Aucune précision ne peut être fournie quant aux délais que cela prendra.