Élevage 1 avril 2022

Des pertes anticipées de 40 % dans les ruches cette saison

BÉCANCOUR – La prochaine saison s’annonce difficile pour les apiculteurs de la province et pour les producteurs de petits fruits qui en dépendent, car les ruches pourraient atteindre un taux de mortalité de 40 % dans un contexte où les conditions d’importation d’abeilles de remplacement et d’équipement sont compliquées par la pandémie de COVID-19 et où le prix du transport aérien est devenu exorbitant.

Raphaël Vacher
Raphaël Vacher

« Ça nous coûtait 17 000 $ pour faire venir des paquets [d’abeilles] d’Australie ou de Nouvelle-Zélande. Maintenant, ça nous en coûte 63 000 $! L’impact du transport aérien, on le subit », a confié l’apiculteur Joël Laberge, propriétaire de la Miellerie St-Stanislas, en Montérégie, pendant l’assemblée générale annuelle des Apiculteurs et apicultrices du Québec (AADQ) qui se tenait à Bécancour, le 18 mars.

Cette hausse des coûts d’importation des abeilles arrive à l’aube d’une saison où les pertes, qui avoisinent normalement les 15 %, pourraient atteindre 40 %, selon les prévisions des professionnels de l’apiculture au Canada. La situation s’explique d’abord « par une moindre efficacité du traitement contre le varroa, mais également par l’épisode de gel subi dans plusieurs bleuetières en 2021, qui a ajouté un stress sur les abeilles et qui risque d’entraîner plus de pertes hivernales pour certains », a détaillé Raphaël Vacher, président des AADQ. Ce dernier a toutefois indiqué qu’il est encore trop tôt pour connaître le taux exact de pertes dans les cheptels, mais qu’il y a de fortes chances pour que plusieurs apiculteurs ne parviennent pas à combler le manque en raison des difficultés d’importation des abeilles.

Cette situation exerce une pression à la hausse sur le coût de location pour la saison de pollinisation qui s’amorce, puisqu’il n’y aura pas assez de ruches par rapport à la demande.  « Et pour ajouter au défi, le prix du miel est très élevé, ce qui pourrait inciter des apiculteurs à choisir de produire plus de miel plutôt que de louer leurs ruches pour la pollinisation », ajoute M. Vacher.

Problèmes de financement

Son organisation évalue différentes options pour renflouer ses coffres. Le recrutement de nouveaux membres, notamment chez les apiculteurs urbains, fait partie des pistes, comme celle de recourir aux dons et aux subventions gouvernementales pour la recherche et le développement. Les AADQ comptent actuellement 150 membres, mais il y aurait au Québec environ 1 200 apiculteurs amateurs et professionnels. 


Vers une plus grande autonomie

Une résolution a été adoptée à l’unanimité le 18 mars pour demander au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec un soutien financier au développement de la production de reines-abeilles, de nucléi et de ruchettes. L’objectif est de permettre aux apiculteurs d’augmenter leurs capacités de production en abeilles afin de devenir plus autonomes par rapport aux importations. Un tel soutien pourrait également leur permettre d’augmenter leur production à plus long terme. Présentement, quelques producteurs se spécialisent dans la production de reines, « mais ils ne sont pas assez nombreux pour répondre à la demande », souligne Raphaël Vacher, président des Apiculteurs et apicultrices du Québec.