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La pandémie fait de nouvelles victimes parmi les entreprises agrotouristiques, cette fois chez les éleveurs de bisons. En Mauricie, la ferme La Bisonnière, en activité depuis 30 ans, cesse ses opérations, les créanciers ayant résolu de rappeler leur prêt. Lucie Fournier et Kevin Ten Have, les jeunes propriétaires de l’entreprise depuis 2017, s’apprêtent donc à vendre le troupeau de 125 bêtes et se préparent… à déménager avec leurs quatre filles. « On a tout fait pour essayer de passer au travers, mais il faut se rendre à l’évidence qu’il n’y a pas d’issue », affirme Lucie Fournier.
« Le constat n’est pas difficile à faire, ajoute-t-elle. Notre entreprise vit du tourisme étranger, principalement du tourisme européen puisqu’on reçoit surtout des Français et des Italiens, et ils ne sont pas près de revenir. »
« La Bisonnière, c’était un modèle, c’est vraiment dramatique pour notre milieu », déplore Josée Toupin, copropriétaire de la ferme La terre des bisons de Rawdon et présidente de la Fédération des éleveurs de grands gibiers.
D’autant plus que le cas de La Bisonnière n’est pas unique. Sans pouvoir confirmer lesquels, la présidente dit savoir que d’autres éleveurs de bisons sont en sérieuse difficulté et s’apprêtent à abandonner.
La Fédération compte environ 200 membres : des éleveurs de bisons, de sangliers, de wapitis et de cerfs rouges. Selon la présidente, c’est sans doute au moment du renouvellement des cartes de membre que l’organisation obtiendra un portrait de l’ampleur des pertes. « Je reste confiante qu’on va s’en sortir… mais ce n’est pas facile », affirme Josée Toupin, dont le troupeau de bisons compte environ 130 têtes en plus d’une quinzaine de wapitis.
Le défi de la mise en marché
La présidente rappelle que les éleveurs de grands gibiers doivent composer avec des coûts de production beaucoup plus élevés que ceux des autres spécialités et que la mise en marché reste un défi constant.
À La Terre des bisons, 80 % de la viande est écoulée à la ferme, le reste chez les restaurateurs. Au cours des derniers mois, les ventes de l’entreprise ont été impactées par la fermeture des restaurants et la suspension des visites à la ferme. Les propriétaires ont alors développé la vente en ligne et offert la livraison.
« Il a fallu se réinventer, raconte Josée Toupin, qui précise qu’elle doit vendre à perte. Il faut reconnaître que les campagnes de promotion d’achat local ont été d’un grand secours. On se rend compte que les gens veulent acheter local. » L’éleveuse de Rawdon garde donc espoir, d’autant plus que l’affluence à la ferme au cours des derniers week-ends lui semble prometteuse.
Reste que la disparition de fermes d’élevage lui apparaît dramatique : « C’est la diversité de notre agriculture qui est compromise. Il ne faut pas oublier que plusieurs de ces entreprises ont été bâties sur des fermes qui étaient abandonnées. »
Josée Toupin sait de quoi elle parle. La Terre des bisons a vu le jour il y a 26 ans sur une ferme qui était laissée à l’abandon depuis… 19 ans.