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Les producteurs de chèvres devront adopter de nouvelles méthodes pour prendre soin de leurs animaux dans un avenir rapproché. Le nouveau Code pour le soin et la manipulation des chèvres, qui fait l’objet de consultations jusqu’au 22 février, prévoit entre autres qu’à partir de janvier 2025, un producteur devra recevoir une formation d’un médecin vétérinaire avant de procéder à l’ébourgeonnage et devra utiliser un sédatif, un anesthésique local et un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Ces mesures visent à réduire la souffrance du chevreau lors de cette manœuvre visant à enlever les bourgeons de corne.
Jean-Philippe Jolin, propriétaire de la Ferme Caprijol, de Saint-Gervais dans Chaudière-Appalaches, est membre du comité d’élaboration du code du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage et a présenté les grandes lignes le 28 janvier dans le cadre d’une causerie virtuelle sur le bien-être caprin organisée par Lactanet. Le producteur caprin a raconté qu’il utilise la méthode avec anesthésie et AINS depuis un plus d’un an. Il a remarqué une grande différence sur l’état des chevreaux. « Même si ça prend le double du temps, je ne retournerais pas en arrière. C’est plus le fun pour le producteur. Les animaux ont l’air de ne rien sentir. J’ai senti un gain de croissance et une diminution des problèmes », a-t-il témoigné.
Les membres du comité ont suggéré une entrée en vigueur en 2025 pour cette manœuvre afin de laisser le temps aux producteurs de se former et se pratiquer. Le code prévoit qu’elle soit pratiquée quand le chevreau a entre 7 et 14 jours et que la corne n’est pas attachée au crâne. Uniquement le fer chaud serait autorisé. Par contre, l’écornage, nécessaire lorsque la corne a eu le temps de s’attacher au crâne, ne pourrait être pratiqué que par des vétérinaires.
Le Dr Gaston Rioux, président de l’Ordre des médecins vétérinaires et membre du Centre d’expertise en production ovine du Québec, explique que le crâne du chevreau est mince. Si le fer chaud est appliqué avec trop de force lors de l’ébourgeonnage, ça peut causer des dommages au cerveau. « On parle aussi d’une plaie. Il est donc possible que des microbes entrent. Ça peut causer des infections et ça peut aller jusqu’à la mort », prévient-il. Le président de l’Ordre préconise qu’un vétérinaire pratique l’ébourgeonnage, mais il estime que, comme il est mentionné dans le nouveau code, un professionnel est apte à le montrer au producteur.
Une mise à jour nécessaire
L’ancienne version date de 2003. « Tout évolue. La façon de garder les animaux et de les traiter aussi », indique le Dr Rioux. Ce dernier voit d’un bon œil que le code soit davantage axé sur le bien-être. « Un animal qui est dans un milieu adéquat va produire plus et mieux. Il aura aussi une vie active plus longue », soutient-il.
Le document couvre l’ensemble de la pratique de production caprine. Il aborde l’habitat, la nutrition, la traite, la gestation, la santé globale, le transport, l’euthanasie et les plans d’urgence.
Après la période de consultation, le comité d’élaboration ajustera la version préliminaire. La publication de la mouture finale est prévue à l’hiver 2021.
L’anatomie des cornes étudiée
La Dre Marjolaine Rousseau, qui enseigne à la Faculté de médecine vétérinaire à l’Université de Montréal, procède actuellement à une étude avec une étudiante afin de mieux décrire l’anatomie des nerfs entourant les cornes. Cette étude permettra ensuite d’évaluer les méthodes pour mieux anesthésier localement un chevreau et procéder à l’ébourgeonnage sans douleur. « J’ai entendu une chercheuse dans un congrès américain qui rapportait des résultats négatifs à l’anesthésie. Moi, j’arrive à anesthésier une majorité de chevreaux. Je me suis dit qu’il fallait mettre dans la littérature plus d’information sur l’anatomie et ensuite voir avec les méthodes pour avoir de meilleurs résultats », explique la vétérinaire, qui estime que cette étude sera particulièrement utile étant donné les nouvelles exigences du code.
Formation sur l’euthanasie des chèvres Contrairement à l’ancien code, des méthodes d’euthanasie sont précisées dans le nouveau, soit l’arme à feu, le pistolet avec tige pénétrante ou non pénétrante, puis des médicaments administrés par un vétérinaire. Le Dr Gaston Rioux mentionne que le Centre d’expertise en production ovine du Québec travaille avec la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec à la mise en place de formations pour l’utilisation de pistolet avec tige pénétrante ou non pénétrante. Un arbre décisionnel afin d’établir quelle arme utiliser selon l’état de l’animal afin qu’il n’y ait pas d’agonie est aussi en développement. Cependant, la pandémie ralentit le processus puisqu’il n’est pas possible de réunir de groupes. Les techniques seront d’abord montrées aux vétérinaires qui pourront ensuite les expliquer aux éleveurs. |