Élevage 23 septembre 2014

De nouveaux outils pour relever les défis de la production porcine

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Plusieurs nouvelles technologies et concepts en production porcine peuvent contribuer à réduire les coûts de production et à améliorer la rentabilité.

Le premier outil, le gain compensatoire, « est vieux comme le monde », mais ça revient aujourd’hui. Je compare ça aux nombreux régimes que j’ai suivis et j’avais tendance à réengraisser toujours un peu plus, a blagué Rémi Pettigrew, agent de projet et d’information à la Fédération des producteurs de porcs du Québec (FPPQ). Cette façon d’alimenter les porcs se base sur le principe qu’en présence de restriction alimentaire limitée sur une certaine période, l’animal s’adapte, devient plus efficace et fait un gain compensatoire. Les résultats d’un projet de recherche mené en 2010 rapportent des économies d’alimentation de 2,29 à 4 $/porc. Une deuxième analyse en condition commerciale est en cours.

La production pourrait aussi être révolutionnée par l’alimentation de précision en engraissement. Le système mis au point par le Dr Candido Pomar, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et son frère Jesus, professeur en application de l’informatique en agriculture à l’Université de Lleida, en Espagne, distribue automatiquement un aliment ajusté quotidiennement aux besoins de chaque porc. L’automate reconnaît chaque animal grâce à une puce électronique placée dans l’oreille et ajuste la quantité de deux prémélanges en fonction de ses besoins. Cette technologie présente un potentiel d’économie de 8 $/porc. « Dans l’état actuel, on peut difficilement passer à côté », a fait remarquer M. Pettigrew. Les scientifiques sont à la recherche d’une compagnie intéressée à fabriquer et à commercialiser leur système.

La filtration d’air s’inscrit aussi dans la poursuite d’une meilleure rentabilité, en contribuant au contrôle du syndrome respiratoire et reproducteur porcin (SRRP), a continué M. Pettigrew. « Au Québec, on a la particularité d’avoir une très grande proximité des fermes porcines », a précisé l’agent de projet. Environ 500 sites de maternité dans la province ont au moins deux sites, pouponnière ou engraissement, dans un rayon de moins d’un kilomètre alors que le virus du SRRP peut voyager sur plus de neuf kilomètres. La filtration peut donc s’avérer utile dans le combat contre cette maladie. Les coûts d’installation et les filtres varient de 100 à 175 $/truie pour trois ans. « C’est une technologie prometteuse », a expliqué l’agent de projet, tout en conseillant aux producteurs de vérifier les retours d’air parasites. Et la filtration d’air ne remplace pas une bonne biosécurité de base. « C’est un outil qu’il faut mettre dans notre arsenal », a résumé M. Pettigrew. L’amélioration de la biosécurité et la stabilisation sanitaire selon une approche collective concertée font également partie du coffre à outils. D’ailleurs, un plan d’action en santé porcine pour élever le statut sanitaire des troupeaux et diminuer les risques liés aux maladies a été développé par deux groupes de travail. Le plan combine actions sur la ferme et hors ferme. « Il va y avoir une grande campagne sur la biosécurité de base dans les prochains mois, a annoncé Rémi Pettigrew. Les règles du jeu changent. Il faut changer notre discours. »