Élevage 23 septembre 2014

Colbex: le succès passe par l’approvisionnement

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Les éleveurs doivent être solidaires et approvisionner leur abattoir, disent les dirigeants de la Fédération des producteurs de bovins du Québec.

QUÉBEC – Bien que 2010 signe le retour à la rentabilité de l’usine d’abattage et de transformation de bovins de réforme Levinoff-Colbex, les éleveurs doivent être solidaires et approvisionner leur abattoir ont répété les dirigeants de la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ) lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisation.
D’entrée de jeu, le président de la Fédération, Michel Dessureault a « déboulonné certains mythes. Ce n’était pas la première fois que les producteurs s’impliquaient en aval de la production », a-t-il souligné en citant notamment les éleveurs laitiers avec le Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ). Le dirigeant a ensuite rappelé le contexte de la crise de la vache folle en 2003 avec la chute catastrophique des prix. « On avait le choix de ne rien faire ou de passer à l’action. Certains reprochent à la Fédération de représenter à la fois les vendeurs et les acheteurs, a-t-il continué. Dans la coopération, ce sont également des producteurs qui siègent sur les conseils d’administration. Si c’est bon pour la coopération, pourquoi ce ne serait pas bon pour nous ? » M. Dessureault a aussi interpellé les deux paliers de gouvernement « qui ont failli à leurs tâches dans le dossier Levinoff-Colbex », a-t-il martelé.

Quelques heures plus tôt, le conseil exécutif de la FPBQ avait rencontré le ministre québécois de l’Agriculture, Pierre Corbeil. Ce dernier a assuré que c’était une question de jours avant que le gouvernement fasse connaître sa position quant au financement de l’abattoir, a révélé Michel Dessureault. La Fédération poursuit toujours ses démarches financières auprès des ministères de l’Agriculture et du Développement économique pour qu’ils convertissent le prêt de 19 M$ d’Investissement Québec en équité et complètent l’offre de prêt sans intérêt de 9,6 M$ du fédéral, qui doit être dépensée avant le 31 mars 2012. Selon le président du conseil d’administration de Levinoff-Colbex, Bruno Letendre, deux partenaires financiers ont été rencontrés, mais ils attendent la décision de Québec pour bouger. « Il n’y a pas de survie de l’abattoir si le gouvernement n’embarque pas », a-t-il révélé. Une rencontre a eu lieu le mercredi 13 avril avec les deux ministères.

Atelier

Les discussions sur Levinoff-Colbex se sont poursuivies en atelier bovin de réforme. Le comité mise en marché souhaite développer le sentiment d’appartenance à l’abattoir par l’envoi aux producteurs du bilan de leurs contributions à son financement, tant les 20 $/vache récoltés en 2006 et 2007 que les 53,86 $/vache prélevés depuis 2008. Le travail de compilation devrait débuter en mai. Les délégués ont d’ailleurs demandé que les producteurs qui refusent d’acquitter la contribution de 53,86 $/vache assument les frais de collecte de la Fédération. L’atelier a également donné lieu à une joute verbale entre Vincent Kelhetter, un éleveur mécontent de l’implication de la FPBQ dans l’abattoir, et plusieurs délégués. « Au lieu d’avoir 20 $/vache, aujourd’hui on a des prix », a soutenu Yvon Simard. En effet, les bovins de réforme se transigent actuellement autour de 1000 $. « Quand on se chicane entre nous autres, qu’est-ce que les gouvernements et les investisseurs pensent de nous ? Il faut se regarder dans le miroir », a insisté Normand Bourque, sous les applaudissements. « C’est facile de faire le gérant d’estrade après la game. Ceux qui ont contesté devant la Régie, ils n’ont rien eu. Ils ont perdu 10 à zéro », a poursuivi le président du conseil d’administration de l’abattoir, Bruno Letendre. « On a perdu une bataille, mais pas la guerre et les factures de nos avocats vont vous revenir », a répliqué M. Kelhetter.

Résultats

Pour 2010 de Levinoff-Colbex a enregistré un bénéfice net de 0,7 M$ après des résultats négatifs successifs depuis 2007. Pour le secrétaire du conseil d’administration de l’abattoir, Paul Dupont, ce « revirement très important découle en grande partie de la hausse des animaux abattus ». Les volumes d’abattage sont passés de 134 000 en 2009 à 158 000 en 2010. De plus, les livraisons en direct sont passées de 21 à 50 % entre 2009 et 2010. « C’est bénéfique pour vous et pour l’abattoir », a indiqué Jean-Guy Dubé, l’opérateur de l’usine. Ce dernier en a profité pour tasser du revers de la main les rumeurs voulant que des vaches soient abattues le matin avant l’arrivée des inspecteurs et que les délais d’attente soient importants. Depuis le début de 2011, les volumes de vaches accusent une baisse, mais les bouvillons sont en hausse. « On n’arrête pas de vous répéter l’importance du volume. C’est l’élément premier devant assurer la rentabilité », a expliqué M. Dupont. « Tous ceux qui s’amusent à envoyer des vaches en dehors, il faut que ça arrête. Il faut arrêter de faire rire de nous autres. Colbex, c’est une réussite. On l’a pris en pleine vache folle, on a traversé la crise et on est encore là », a témoigné un producteur. « Je sens que vous voulez le garder cet abattoir, a continué le vice-président de la Fédération, Claude Viel. On compte sur vous pour parler à vos voisins. On entend toutes sortes de choses. Le commerçant est fin lui, il ne conte jamais de menterie et la Fédération ce sont des maudits menteurs pis l’abattoir ce sont des maudits voleurs », a ironisé Claude Viel.