Élevage 28 mai 2018

Le chantier du plus gros abattoir du Québec progresse

Depuis le 22 mai, les produits de l’usine ATrahan à Yamachiche transitent par les nouveaux quais d’expédition, aboutissement de la première phase de ce qui deviendra le plus gros abattoir de porcs du Québec.

Le projet d’agrandissement de l’usine progresse. À terme, elle produira plus de 160 millions de kilos de porc par année, soit 36 000 porcs par semaine contre 17 500 actuellement.

La construction, l’intégration des nouvelles technologies et le recrutement de la main-d’œuvre s’effectueront en parallèle avec les activités d’abattage et de transformation de l’usine, « le plus gros défi logistique », précise le vice-président ingénierie chez Olymel, Marco Dufresne.

Complexité

Le maintien des activités de l’usine pendant la durée des travaux ajoute à la complexité du chantier. « Tant que l’agrandissement [d’une salle] n’est pas terminé, on ne transfère pas », affirme le directeur de l’usine, Christian Rivard.

Les opérations de l’abattoir sont réorganisées la fin de semaine de sorte que chaque nouvelle section soit pleinement fonctionnelle le lundi matin, non sans avoir au préalable été inspectée par l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

La construction du réfrigérateur à carcasses et de la salle des eaux usées débutera dans quelques semaines pour se terminer en 2019.

Innovations

« Il y aura beaucoup de technologies nouvelles [dans l’usine] », indique M. Rivard. À leur arrivée, les porcs seront installés dans une nouvelle étable de 4 400 places conforme aux normes du bien-être animal. Celle-ci sera donc sujette à des aménagements particuliers.

L’abattage ne s’effectuera plus par décharge électrique, mais par anesthésie au CO2, ce qui permettra d’offrir une viande de meilleure qualité au consommateur et un meilleur environnement de travail aux employés tout en respectant les normes de bien-être animal. Les porcs embarquent dans un élévateur fermé où du CO2 est ensuite injecté dans l’air. « Ils s’endorment comme s’ils s’en allaient en chirurgie générale parce qu’il faut que le cœur batte, évidemment, pour la saignée », souligne le porte-parole d’Olymel, Richard Vigneault.

L’usine de Yamachiche se dotera également de deux robots de type « bras collaboratifs » pour l’abattage. La découpe se fera par reconnaissance 3D « pour bien voir les couches de gras et empêcher que le travail se fasse manuellement », souligne M. Rivard.

Les opérations de désossage demeureront des activités manuelles, mais les tables de la salle de découpe seront entièrement réaménagées pour permettre une optimisation du travail.

Main-d’œuvre

L’entreprise embauchera, à terme, 314 travailleurs. « On vise [à recruter] de 70 à 75 % de la main-d’œuvre dans un rayon de 50 km autour de l’usine et 10 % de travailleurs étrangers temporaires [TET] », explique le vice-président des ressources humaines, Louis Banville, en précisant que les employés restants viendront de Montréal et pourraient éventuellement déménager dans la région. Un objectif réalisable, poursuit-il, puisque le défi a été relevé une première fois à l’usine de Saint-Esprit dans Lanaudière. Sept TET, originaires de l’île Maurice, travaillent actuellement à Yamachiche et l’entreprise en attend une vingtaine d’autres d’ici septembre.

Le projet en 5 phases

  • Construire les infrastructures d’expédition – étape réalisée;
  • Bâtir l’étable, qui accueille les porcs à leur arrivée à l’usine;
  • Déplacer et réaménager la salle de découpe;
  • Agrandir l’actuel frigo à carcasse;
  • Terminer en 2019 par la construction de la salle des eaux usées.

Eaux usées revalorisées dans les champs

Les eaux usées de l’usine de Yamachiche sont actuellement réutilisées sur les terres agricoles de la Mauricie. Cependant, Olymel participe à un projet pilote en Montérégie visant à transformer les boues usées en biogaz. Les rejets de la nouvelle usine y seront envoyés. « À partir de juin, on extraira la farine et les huiles des boues de volaille pour la revente », explique le vice-président ingénierie Marco Dufresne.