Élevage 14 mars 2017

Les abattoirs québécois sont sous-exploités

Contrairement à la croyance populaire, il existe encore au Québec des abattoirs fédéraux capables d’abattre du bœuf.

La consultante Marie-Claude Michaud, qui accompagne la filière bovine dans l’élaboration de son programme Bœuf Québec, en dénombre cinq : Les Viandes de la Petite Nation (Outaouais), Viande Richelieu (Montérégie), Viandes Giroux (Estrie), l’Abattoir de Luceville (Bas-Saint-Laurent) et Les Viandes Forget (Lanaudière).

« De façon certaine, tous ces abattoirs-là fonctionnent en sous-capacité », fait-elle remarquer. Par contre, même si ces installations pouvaient abattre plus de bœufs, elles n’auraient pas nécessairement l’espace pour faire refroidir toutes ces carcasses pendant 48 heures avant de les découper. C’est surtout là que se situe le goulot d’étranglement, explique Mme Michaud.

Abattoirs multiespèces

Parmi les cinq abattoirs québécois, c’est celui des Viandes Forget qui abat le plus de bovins, soit de 175 à 200 carcasses par semaine. « On peut aller encore jusqu’à 300, mais pas de là à laisser de côté notre créneau multiespèces. Ce n’est pas la vision de l’entreprise », souligne son président, André Forget. Les autres abattoirs misent eux aussi sur une diversité d’animaux pour se protéger financièrement.

Les Viandes Forget sont le premier abattoir à embarquer dans l’aventure Bœuf Québec. « Ça va nous donner la chance de faire notre marque dans ce marché-là, qui est dominé par le bœuf de l’Ouest et le bœuf américain », affirme M. Forget.

Le directeur général des Producteurs de bovins du Québec (PBQ), Jean-Philippe Deschênes-Gilbert, est tout aussi emballé par ce programme : « C’est une excellente nouvelle, parce que ça répond à deux grands objectifs qu’on poursuit depuis de nombreuses années, soit de maintenir une capacité minimale d’abattage au Québec et d’offrir aux consommateurs un produit clairement identifié. » 

Confiance à bâtir

Un autre objectif poursuivi par les partenaires du programme Bœuf Québec est d’apprendre aux éleveurs, abattoirs et distributeurs à travailler ensemble. « Présentement, la confiance entre les partenaires est à moins que zéro », estime la consultante Marie-Claude Michaud.

Ce phénomène ne serait toutefois pas propre au Québec. Le propriétaire d’un abattoir ontarien s’est déjà plaint devant elle que les éleveurs étaient prêts à les laisser tomber pour économiser cinq cents ailleurs. Jean-Philippe Deschênes-Gilbert reconnaît qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir avant de faire comprendre à chacun qu’il a besoin de l’autre pour réussir.

Pas d’abattoir dédié

Quant à l’idée de ravoir un abattoir québécois dédié au bœuf, le directeur général des PBQ estime qu’elle est peu réaliste à moyen terme. « Quelques-uns des facteurs qui ont expliqué la fermeture de Levinoff-Colbex [en 2012] sont encore réunis, souligne-t-il : le taux de change, la compétition féroce et la difficulté d’approvisionnement. » Marie-Claude Michaud est également d’avis que, pour l’instant, il vaut mieux miser sur les abattoirs actuels, malgré leur petite taille.

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