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La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) et un groupe de citoyens formé par un vétérinaire exigent que le gouvernement du Québec prenne des mesures afin de diminuer la perte d’animaux causée par des incendies de ferme.
Sophie Gaillard, l’avocate pour le département d’enquêtes et d’inspections de la SPCA de Montréal, mentionne qu’en trois ans au Québec, 300 000 animaux de ferme ont péri dans les flammes, une donnée obtenue en compilant des articles de journaux depuis le 1er janvier 2015. Elle trouve inacceptable qu’il n’y ait pas de mesures obligeant les propriétaires d’exploitations à munir leurs bâtiments d’un système de sécurité de base.
Pressions
La SPCA n’est pas la seule à militer pour que les choses changent. Le vétérinaire Jean-Jacques Kona-Boun fait pression auprès des ministères de l’Agriculture et de la Sécurité publique du Québec pour diminuer l’ampleur de ces « tragédies ». Il souligne que certains animaux meurent asphyxiés, mais d’autres sont brûlés vifs. « C’est une quantité de souffrance inimaginable », mentionne celui qui travaille sur la rive nord de Montréal, mais qui a œuvré une douzaine d’années à la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe.
Dans ses démarches auprès du gouvernement, M. Kona-Boun souligne que le contexte actuel, « où il y a en moyenne quatre incendies par semaine en milieu agricole », ne satisfait pas à la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal adoptée en décembre 2015. Cette loi exige que l’animal soit gardé dans un lieu dont l’aménagement n’est pas susceptible d’affecter sa sécurité. Pour que les installations soient conformes, le vétérinaire demande que l’inspection du système électrique et de chauffage soit obligatoire. Il souhaite aussi que les propriétaires soient obligés d’installer un système de détection d’incendie relié à un service d’incendie local, etc. De surcroît, il demande au gouvernement de subventionner les agriculteurs afin qu’ils soient en mesure d’améliorer la sécurité de leurs bâtiments d’élevage.
L’Union des producteurs agricoles soutient pour sa part que la sécurité des animaux est une « préoccupation légitime ». L’organisation dit avoir participé aux travaux de plusieurs comités sur la prévention des incendies ces dernières années. De plus, le ministère québécois de l’Agriculture aurait récemment créé un comité pour se pencher sur la question, mais n’a pas rappelé La Terre à ce sujet.
Risques et moyens de prévention L’ingénieur Yves Choinière, spécialisé en bâtiments agricoles, estime que des mesures de prévention pourraient bel et bien diminuer le nombre d’incendies dans les fermes. « On a un important parc de vieux bâtiments d’élevage au Québec. Parfois, les fils électriques sont pourris et rongés; les panneaux électroniques ne sont pas étanches et remplis de poussière, et les disjoncteurs sont vieux et surchargés. On voit des moteurs de ventilateurs ouverts. Ces fermes-là sont souvent celles qui brûlent. Si leurs propriétaires investissaient dans l’amélioration du système électrique, ils diminueraient pratiquement de 50 % leur risque d’incendie », estime l’ingénieur. Ce dernier assure que les nouveaux bâtiments d’élevage sont conçus spécifiquement pour minimiser le risque d’incendie. Des séparations coupe-feu sont installées, les bâtiments qui abritent le foin et le carburant sont distancés du lieu d’élevage, etc. Notons également que la compagnie PrevTech Innovations inc. a mis au point un détecteur de problèmes électriques. Au coût de 1 675 $, le système comporte des capteurs intelligents installés dans l’entrée électrique du bâtiment agricole. Le dispositif peut ainsi révéler une fuite de courant susceptible de se transformer en foyer d’incendie. « La dégradation du réseau électrique se fait souvent de façon lente, de sorte que si elle est détectée, on peut intervenir à temps », dit le président Pierre-André Meunier. |