Économie 3 janvier 2025

Une retraite au « paradis sur terre »

Lorsqu’il prendra officiellement sa retraite du secteur minier, Sylvain Vachon partagera son temps entre son Abitibi natale et rien de moins que « le paradis sur terre ». Ce retraité du monde agricole et de la politique passera six mois par année dans la maison qu’il a fait construire au Costa Rica à cultiver son jardin et à faire du bénévolat dans une plantation de café. 

L’ancien producteur de veau d’embouche se rend déjà au Costa Rica 10 semaines par année avec sa conjointe, Sylvie Marcoux, depuis qu’elle lui a fait découvrir le pays. « Elle y était allée dans sa jeunesse, raconte-t-il. Elle avait des amis là-bas, et disait que c’était le paradis sur terre. Quand je suis arrivé là, je suis tombé en amour. » C’était en 2022, au sortir de la pandémie. À l’époque, Sylvain Vachon travaillait dans une mine de l’Abitibi, un emploi « plan B » après avoir tenté sa chance en politique provinciale en 2018. 

Dès le retour de son premier voyage au Costa Rica, Sylvain Vachon a entamé des démarches de construction de sa maison grâce à un réseau de contacts de Québécois sur place.

Une défaite dont il s’est relevé

L’ancien producteur a assuré la présidence de la fédération régionale de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de 2011 à 2018, puis il s’est retiré de ses fonctions pour se présenter à l’investiture du Parti Québécois dans la circonscription d’Abitibi-Ouest en vue des élections générales d’octobre 2018. Il a été défait par 194 voix et, quelques mois plus tard, en 2019, le transfert de sa ferme à une relève non apparentée a été finalisé. 

« Tu quittes l’UPA même si tu aimes ça, parce que tu as le goût de faire un pas de plus pour ta région. Quand tu es en campagne, tout le monde est après toi, les téléphones, les demandes de rencontres, etc. Mais le lendemain [de l’élection], il n’y a plus de téléphone là, il n’y a plus de courriels. Tu es tout seul avec ta défaite. C’est tough, mais je me suis relevé et, aujourd’hui, j’en suis presque content, mentionne-t-il. Est-ce que j’aurais une maison au Costa Rica si j’avais gagné l’élection? Ma mère disait souvent que rien n’arrive pour rien. »

Suivi des travaux à distance

Dès le retour de son premier voyage au Costa Rica en 2022, l’homme a entamé des démarches de construction de sa maison dans la ville d’Ojochal, dans le sud-ouest du pays, notamment grâce à un réseau de contacts de Québécois sur place. « À Ojochal, il y a une diaspora québécoise. Beaucoup de gens de l’Abitibi et du Lac-Saint-Jean et donc j’ai su, rendu là-bas, que j’avais un gars de Sainte-Germaine, le village voisin du mien [en Abitibi, que je connaissais]. Le gars avait des terrains, alors on en a acheté un et il avait un entrepreneur de confiance avec qui il m’a mis en contact. J’ai fait le suivi des travaux à distance », dit-il. Avec le recul, Sylvain Vachon avoue avoir été un peu « fantasque » dans cette histoire, puisqu’il a fallu transférer d’importantes sommes d’argent vers le Costa Rica pour payer les travaux. Bien que tout se soit passé sans anicroches, il a entendu des histoires d’horreur de gens qui ont perdu tout l’argent de leur retraite.

Ils ont acheté des terrains qui n’étaient pas au gars à qui ils ont acheté. Des 100 000 $ ont été perdus.

Sylvain Vachon

Planifier les finances de sa retraite n’est pas compliqué pour l’homme de 57 ans. Ce qui l’inquiète est plutôt l’occupation de son temps. Bien sûr, il adoptera la philosophie des locaux, la pura vida , qui encourage un mode de vie basé sur la simplicité, la gratitude, l’optimisme et la connexion avec la nature et l’univers. 

Il fera donc ce qui lui tentera quand ça lui tentera, mais il entrevoit quand même de faire du bénévolat dans une plantation artisanale de café pour offrir des visites touristiques en français. 

À la maison d’Ojochal, il a déjà planté des arbres fruitiers sur son terrain et, comme sa mère et sa grand-mère l’ont fait avant lui en Abitibi, il envisage à la retraite de se faire un potager et d’y planter des légumes. « Je reste un agriculteur dans l’âme », indique-t-il.