Économie 19 décembre 2024

« Un mot qui ne faisait pas partie de son vocabulaire »

La retraite n’a jamais été un mot utilisé du vivant d’Alphonse Parent, producteur de dindons à Saint-Georges, dans Chaudière-Appalaches. Il a commencé à travailler dès l’âge de 14-15 ans et est décédé il y a environ deux ans, à l’âge de 87 ans, pendant qu’il coupait du bois sur sa terre, rapporte son fils Claude.

Il mentionne que la plus grande passion de son père, c’était le travail.

Il est sûrement mort heureux. Il avait toujours dit qu’il voulait mourir sur sa terre, dans le bois, et c’est ce qui est arrivé.

Claude Parent

Jeune, Alphonse Parent rêvait d’avoir sa ferme. Il a d’abord démarré un petit élevage de poulet. Quelques années plus tard, il a acheté une terre avec une ferme laitière à Saint-Georges, et a fini par rebâtir une étable neuve, puis un poulailler pour y élever des dindons. Il a également démarré, en parallèle, une entreprise de construction, dont il a plus tard laissé la gestion à Claude. Ce dernier indique que son père s’est ensuite occupé du poulailler jusqu’à 83 ans avec un autre de ses fils.

« Ç’a toujours été un bâtisseur, un visionnaire, témoigne Claude. Il a été un des premiers à élever de la dinde ici. Il a aussi été l’un des premiers à avoir une salle de traite et une étable lousse [en stabulation libre]. Quand il jasait avec d’autres et qu’il entendait parler de nouvelles idées, il n’attendait pas que le train passe; il embarquait tout de suite. Et il ne s’est jamais plaint. Il se levait à 5 h et se couchait à 20 h le soir. Il ne parlait pas de la mort; il n’avait pas le temps pour ça! » poursuit son fils. 

À 75 ans, il avait même encore assez d’énergie pour démarrer un projet de construction domiciliaire sur une terre moins productive qu’il avait à Saint-René. « Pour une personne de cet âge-là, on le trouvait pas mal ambitieux, mais on le laissait faire parce qu’il avait l’air heureux là-dedans. Y en a qui disaient que ça le tuait à petit feu, mais d’autres estimaient que c’est ça qui le gardait en vie », confie Claude Parent, qui veille à la continuité de la ferme et des entreprises de son père.

Selon lui, Alphonse ne percevait pas le mot « travail » de la même manière que d’autres. « C’était plutôt un loisir, une passion pour lui. Il s’amusait », précise celui qui dit avoir hérité de cette même perspective, bien qu’il prenne parfois le temps de prendre des vacances. « Mon père a quand même fait deux voyages dans sa vie : un dans l’Ouest canadien et l’autre dans l’Ouest américain. Il a aussi fait un voyage dans le Sud, en Floride, une fois, mais il détestait ça pour mourir. Il est revenu avant la fin du voyage. Couché sur une plage, il trouvait que c’était une perte de temps », se remémore Claude en riant.