Quand on décide de se lancer dans un projet d’investissement, on le fait dans le but d’améliorer la situation. On veut augmenter le quota, le nombre d’animaux dans de nouveaux bâtiments et parfois les superficies en culture. On fait des calculs afin de connaître le coût, mais surtout de savoir ce que ça va rapporter. On est emballé parce qu’on a la conviction que l’après-projet sera préférable à l’état actuel des choses. Cependant, un aspect est souvent oublié ou traité trop rapidement : les ressources humaines et la gestion globale de l’entreprise pendant et après le projet.

Il y a quelques années, Valacta a produit un document intitulé Planifier l’expansion d’une entreprise laitière – Guide de réussite¹. On y traite de tous les aspects de l’entreprise qui sont touchés lors d’un projet d’agrandissement : la direction de l’entreprise, les ressources humaines, les opérations, la production, la commercialisation et les finances. Même si cette publication date de 2008, les questions soulevées et les outils proposés sont toujours d’actualité.

En ce qui concerne les ressources humaines, la direction et les opérations, voici des exemples de questions pertinentes à se poser afin de bien planifier l’impact qu’aura un projet sur les personnes impliquées dans l’entreprise.

• Qui sera responsable de la gestion du projet? Comment se prendront les décisions? Quel sera le degré d’autonomie de chacun pour prendre ces décisions?
• Comment se répartiront les nouvelles tâches et responsabilités? Est-ce qu’une expertise nouvelle ou un savoir-faire particulier seront requis pour l’exploitation de l’entreprise après le projet?
• Aura-t-on besoin de main-d’œuvre extérieure? Si oui, comment la recrutera-t-on? Quelles tâches cette personne fera-t-elle et combien d’heures par semaine travaillera-t-elle? Quels seront son salaire et ses conditions de travail?
• Comment le travail sera-t-il organisé durant la réalisation du projet? Et après?

Voilà un aperçu du type de questions que tout gestionnaire doit se poser avant de démarrer un projet d’agrandissement. Le but de ces questions n’est pas de nous décourager, mais bien de nous permettre de mesurer les impacts de nos choix.

Serons-nous en mesure de bien évaluer la charge de travail durant la réalisation du projet et une fois que tout sera en place? Un des pièges à éviter est de minimiser l’impact d’un changement majeur de la charge de travail. Même si nous sommes bien installés, il est illusoire de croire qu’avoir plus d’animaux et de terrain n’entraînera pas un surplus de travail. Peut-être que plus d’animaux mieux installés diminueront la charge de travail à long terme, mais il faut songer à la période de transition et d’adaptation aux nouveaux équipements.

Il faut également être conscient que durant la réalisation d’un projet, toutes les autres opérations de l’entreprise doivent continuer, ce qui constitue déjà une charge de travail très importante. Cette période de travaux où tout le monde est « accoté dans le plafond » entraîne un surplus de fatigue et de stress, propice aux accrochages de toutes sortes. Il importe donc de bien se préparer mentalement à cette étape et de régler les situations ennuyeuses au fur et à mesure qu’elles se produisent.

Bref, il est important d’aborder la question des ressources et des relations humaines avec votre conseiller lorsque vous avez un projet d’investissement en tête. On parle beaucoup de bien-être animal ces jours-ci, mais il faudrait songer d’abord et avant tout au bien-être humain.

Brigitte Paré / Conseillère en transfert de ferme et en relations humaines, CMCA