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L’agricultrice Marie-Josée Daguerre a lancé un cri du cœur, voire un cri de détresse sur les médias sociaux, à la suite de la décision, le 17 juillet, de son institution financière de couper les vivres à sa ferme. En quelques heures, sa publication Facebook a été partagée par des centaines de personnes qui lui offrent un soutien. En entrevue avec La Terre, elle assure que la situation est très stressante, elle qui se bat pour la survie de sa ferme. « [les deux institutions] viennent de me dire qu’ils n’injecteront plus de fonds, c’était catégorique, une fin de non-retour; c’est comme s’ils nous mettaient en faillite. Je comprends qu’on fait des pertes, mais pourquoi ils nous laissent tomber comme ça? On pose des questions et ils nous ne répondent plus », exprime Mme Daguerre, copropriétaire des Jardins de la Pinède, situés à Oka, dans les Laurentides. La maraîchère dit vivre toute une gamme d’émotions, allant de la tristesse, à la colère, à l’incompréhension, à la suite de sa rencontre avec ses créanciers. « La ferme a de bons actifs, alors pour eux, elle vaut plus cher vendue qu’en production actuellement. Mais nos jardins sont pleins, nos clients ont payé pour la saison agricole. Si on ferme, les légumes vont rester au champ? », s’indigne-t-elle.
Problème de liquidités
Le problème de liquidités que vit actuellement Les Jardins de la Pinède prend source dans la construction d’un ambitieux complexe de serres en 2021 qui a nécessité un prêt de 4 M$. L’inflation des prix des matériaux avait contraint Mme Daguerre et son associé à diminuer de moitié la superficie de serres construites. Ils ont cependant installé les mêmes équipements de production, le système de chauffage et la salle de germination notamment, prévus pour le projet initial de plus petite taille. Ces infrastructures supérieures aux besoins actuels serviraient à un éventuel agrandissement, mais ne sont pas rentables à court terme et le paiement des intérêts sur leur coût d’acquisition gruge significativement les liquidités. « Ce projet a été mal évalué à la base, j’en suis responsable, mais eux [les prêteurs] aussi. Ils savaient qu’on rapetissait les pieds carrés de serres. Aujourd’hui, même si on applique 100 % des recommandations du plan de redressement, ils nous abandonnent. Nous cherchons de nouveaux bailleurs de fond, mais c’est essoufflant tout ça. Quand on parle de détresse psychologique en agriculture, on est dans le pic. On ne pourrait pas être plus dans le pic que ça! », partage-t-elle.
Le renfort
Heureusement, son message sur les médias sociaux lui donne espoir. Des gens de sa clientèle, et d’ailleurs, ont commencé à lui transférer des fonds, d’autres veulent investir plus sérieusement dans la ferme, tandis qu’une autre institution financière serait intéressée à soutenir l’entreprise. Une entreprise qu’elle assure viable à long terme. « Depuis 2014 qu’on produit des légumes et on a toujours dégagé des profits. Cette année, oui on manque de liquidités, mais on vend tous nos légumes. Les gens reconnaissent la qualité de nos produits. Alors le défi n’est pas insurmontable, bien au contraire. Ce qu’il nous faut, c’est qu’ils nous donnent un break, après on va réussir. » Au moment de publier ce texte, La Terre n’avait pas encore reçu la version des faits des deux prêteurs. Au cabinet du ministère de l’Agriculture du Québec, le directeur des communications, Jean-Bernard Marchand, indique que le Ministère a pris connaissance de la situation des Jardins de la Pinède et recueille des informations supplémentaires à ce sujet.