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Les propriétaires d’entreprises agricoles en difficulté amélioreraient leur santé psychologique et financière s’ils partageaient leurs problèmes financiers avec un conseiller en gestion ou un syndic autorisé en insolvabilité, assure le comptable Stéphane Gauvin, qui est lui-même un syndic autorisé en insolvabilité chez Raymond Chabot Grant Thornton. « Les gens veulent éviter à tout prix d’appeler un syndic. Ils attendent trop, raconte-t-il. C’est humain; ils ne veulent pas s’avouer un échec, ou avouer qu’ils ont des problèmes. Les gens sont fiers, encore plus dans le milieu agricole. Mais on n’est pas là pour fermer des entreprises, on est là pour trouver des solutions. Et plus vite on va mettre tout le monde autour de la même table [le ou les propriétaires, les créanciers, les conseillers, le syndic] pour regarder des scénarios, plus on a de chance de sauver l’entreprise. »
Il soutient que la pire stratégie pour un agriculteur en difficultés financières consiste à ne pas consulter de professionnels et à prendre des décisions précipitées et émotives, comme vendre des actifs, lesquelles peuvent aggraver sa situation globale et insécuriser davantage ses créanciers.
Être embourbé dans une marre de dettes n’a rien de jojo. « Ceux qui viennent ici, souvent, ils n’ont pas dormi depuis des nuits. Certains se sont chicanés à la maison, mais on fait le tour. On répond à toutes leurs questions. Plusieurs vont ressortir en disant qu’ils ont 100 livres de moins sur les épaules, qu’ils auraient dû venir bien avant. Surtout que les premières rencontres avec un syndic ne coûtent rien », précise M. Gauvin, qui comprend très bien la réalité des agriculteurs, ayant été élevé dans une ferme.
Faillite vs proposition
Quand les dettes s’accumulent et que les créanciers exigent d’être remboursés, le propriétaire d’une entreprise agricole peut aller en médiation avec ses créanciers. Si ce processus est infructueux, il peut leur faire une proposition encadrée par la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. C’est là que les services du syndic autorisé en insolvabilité deviennent obligatoires, car pour le gouvernement fédéral, les syndics sont les seuls experts autorisés en vertu de cette loi à administrer des dossiers de faillites et de propositions. La proposition, par exemple, de ne rembourser que 25 % des sommes dues par la ferme, doit être acceptée par 50 % des créanciers, lesquels doivent correspondre minimalement au deux tiers des créances en jeu. Si les créanciers refusent la proposition, c’est la faillite. « Il se peut que les créanciers refusent une proposition sans véritable logique, par exemple si la relation d’affaires n’est pas bonne. S’il y a eu des mensonges, les créanciers n’ont plus confiance », souligne M. Gauvin.
Conséquences d’une faillite?
C’est vrai qu’une personne qui déclare faillite perd tout, du moins ce qu’elle avait endossé personnellement. Toutefois, Stéphane Gauvin indique que les gens qui ont une faillite à leur dossier sont souvent agréablement surpris de pouvoir de nouveau obtenir du crédit. « Leur dossier de crédit sera entaché pendant six ans. Leur cote de crédit sera mauvaise. Ils devront payer des intérêts plus élevés, mettre [une mise de fonds] plus élevée et être endossés, mais ils auront du crédit », confirme le syndic.