Économie 12 septembre 2016

Des noces de 36 G$ entre Potash et Agrium

Il va y avoir un fournisseur d’engrais de moins sur le marché en raison de la fusion de PotashCorp et d’Agrium, qui a été confirmée le 12 septembre. (Mise à jour à 16 h 20)

Ces deux très importantes entreprises du secteur des fertilisants sont basées en Alberta et en Saskatchewan. Le nouveau siège social du géant des engrais engendré par cette fusion sera à Saskatoon. Les deux conseils d’administration ont approuvé la transaction qui fera en sorte que les actionnaires de PotashCorp détiendront 52 % de la société. Il est peu probable que le Bureau de la concurrence du Canada intervienne dans cette fusion de deux entreprises canadiennes. En tout, la nouvelle entité comptera 20 000 employés et sera présente dans 18 pays.

Agrium, et surtout PotashCorp, sont de gros fournisseurs de potasse et il y a relativement peu de joueurs dans ce marché. PotashCorp était déjà le plus important producteur de potasse au monde. Agrium produit de l’azote, de la potasse et du phosphate pour un total de 9 millions de tonnes par an. L’entreprise commercialise ses produits au Canada, aux États-Unis, en Australie et au Brésil. Ce réseau de distribution n’est cependant pas présent à l’est du Manitoba.

L’impact au Québec se situe donc au niveau de l’approvisionnement des détaillants comme Synagri ou La Coop fédérée. « On s’attend à des augmentations graduelles, mais on n’a pas l’inquiétude de se retrouver face à un seul joueur », indique Yvan Lacroix, porte-parole de l’Association professionnelle en nutrition des cultures (APNC), qui ajoute qu’un nouveau fournisseur, K + S Potash Canada, travaille sur une nouvelle mine de potasse au pays. Les fournisseurs de Russie et de Biélorussie sont également actifs au Québec. Selon l’APNC, le marché de la potasse au Québec tourne autour de 80 000 tonnes par année.

« Agrium et Potash Corp se donnent à coup sûr une grande force de groupe avec cette fusion. À La Coop fédérée, ce n’est toutefois pas vu comme une menace. Il y a d’autres grands fournisseurs dans le monde et d’autres exploitations en développement.  Il n’y a pas d’impact anticipé sur le prix et sur notre approvisionnement : on va continuer à travailler avec eux, mais aussi avec d’autres », a commenté Sébastien Léveillé, vice-président exécutif, Division agricole, La Coop fédérée.

Impact sur les prix

Les risques de hausse importante du prix de la potasse demeurent quand même limités à court terme, puisque deux autres fournisseurs de Biélorussie et de Russie sont devenus des rivaux en 2013 après des années de contrôle de l’offre pour la commercialisation de la potasse (Uralkali) entre les deux pays.

Le prix de gros de la potasse est d’ailleurs en baisse à environ 154 $ US la tonne au deuxième trimestre, comparativement à 273 $ US l’an dernier et à près de 900 $ US en 2008. De 2005 à 2007, le prix de la potasse oscillait autour de 150 $ US la tonne. La disparition d’un fournisseur dans ce marché pourrait toutefois changer la donne à moyen terme et les prix pourraient remonter.

Le prix actuel de la potasse s’explique également par la demande mondiale qui n’est pas au mieux en raison des prix en baisse dans le secteur des grains et des années plus difficiles pour les agriculteurs américains. Les commandes de potasse seront donc modestes cet automne en comparaison avec d’autres années.