Économie 5 juillet 2024

L’indexation de la CCL toujours pas en vigueur pour des fermes caprines

DRUMMONDVILLE — Des producteurs laitiers caprins ne bénéficient toujours pas de la dernière augmentation de prix annoncée par la Commission canadienne du lait (CCL). Le 1er mai dernier, le prix du lait à la ferme aurait dû augmenter de 1,77 %, ou de 1,53 $ l’hectolitre (hl), mais les négociations avec les acheteurs s’étirent.

Olivia Cinter

Actuellement, peu de producteurs savent s’ils seront payés selon l’augmentation de la CCL et aucun ne sait si ce sera rétroactif au 1er mai, a mentionné Olivia Cinter en assemblée générale annuelle à Drummondville, le 19 juin. « Moi j’ai des acheteurs qui me disent : ‘‘C’est combien, l’augmentation?’’. Ils l’ont demandé il y a plus d’un mois. Je suis obligée de leur dire qu’on n’augmente pas [le prix] parce qu’on ne sait pas de combien ce sera », dit l’ancienne productrice du Centre-du-Québec, qui est restée mandataire de la Ferme Valaisanne. Certains acheteurs payent tout de même l’augmentation, d’autres non. 

Les Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ) négocient avec les acheteurs à savoir si l’augmentation de prix de la CCL se fera en fonction du prix à l’hectolitre, 1,53 $/hl, ou du pourcentage, 1,77 %.

On voudrait le 1,77 % parce que pour nous, il est plus avantageux. Ça revient à plus de 2 – 2,30 $/hl. C’est sûr qu’on veut aller chercher plus […] et ce n’est pas pour s’en mettre plus dans les poches; c’est pour couvrir les coûts de production qui augmentent. Mais ça reste une question de s’entendre avec les acheteurs parce qu’on est sur une vieille version de la convention.

Jean-Philippe Jolin, administrateur des PLCQ dans le comité de négociation

Historiquement, les éleveurs laitiers caprins étaient payés en fonction du pourcentage, a indiqué Mme Cinter. Rappelons que l’indexation de la CCL vise à offrir un prix ajusté annuellement aux éleveurs afin d’éviter, comme ça s’est vu par le passé, une stagnation du prix pendant cinq ou dix ans. 

Les PLCQ souhaitent régler la question du montant de l’augmentation de la CCL d’ici au 5 juillet. 

Toujours sous la convention 2019-2022

La présidente des PLCQ, Sylvie Girard, a rappelé aux producteurs réunis en assemblée que la nouvelle convention de mise en marché 2022-2025, comprenant l’ajustement de prix provenant de la CCL, n’est pas encore homologuée. Une entente de principe survenue en décembre 2022 a tout de même permis aux producteurs de bénéficier d’une augmentation du prix de base dès le 1er février 2023 et de bénéficier des ajustements de prix de la CCL lorsque ces derniers seraient annoncés. À l’époque, ces mesures étaient notamment conditionnelles au dépôt d’un projet de règlement structurant l’offre de volumes des producteurs. Or, à ce jour, ce règlement n’a pas été produit par les PLCQ. « Ils ont essayé [de monter le règlement] entre producteurs, mais on n’a pas les compétences, et on n’a pas le recul », explique Mme Girard. 

Règlement sur mesure

L’organisation souhaite mandater la firme Sylvestre Avocats Notaires afin de bâtir un règlement propre à l’industrie laitière caprine. « Dans les poulettes, ils ont fait un travail magistral. On est particuliers, on est dans les chèvres, on a besoin de gens comme ça, qui ont assez de recul, qui sont imaginatifs, créatifs, pour [créer quelque chose propre à] notre industrie. Ne pas s’inspirer de la vache, ne pas s’inspirer du porc, etc. », dit-elle. Le projet ira de l’avant si les PLCQ obtiennent l’aval du ministère de l’Agriculture quant à une demande de financement déposée en vertu du Programme de développement territorial et sectoriel.

Fin de la décroissance de la production

Selon les données compilées par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), les producteurs laitiers caprins ont produit 6,6 millions de litres en 2023. Identique aux volumes produits en 2022, la production se stabilise, alors qu’elle était en décroissance depuis 2018. En assemblée générale annuelle à Drummondville le 19 juin, l’ancienne productrice et mandataire de la Ferme Valaisanne, Olivia Cinter, a toutefois mentionné que les volumes ne doubleront pas dans les deux prochaines années. En effet, si les PLCQ remarquent un certain intérêt de la relève envers la production laitière caprine depuis l’augmentation du prix de base en 2023, les projets de démarrage de ferme ne semblent pas se concrétiser, indique l’administrateur Jean-Philippe Jolin. « L’agriculture au complet en arrache, alors c’est difficile de trouver le financement, de faire un plan d’affaires qui se tient, mais il y a toujours du monde intéressé. Après, [il faut passer] le cap des cinq ans, mentionne ce dernier. […] C’est vrai quand Olivia dit que ça ne doublera pas d’ici deux ans, il n’y a aucune chance. Mais est-ce qu’on peut [augmenter les volumes]? Sûrement. »