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La chercheuse Annette Desmarais, de l’Université du Manitoba, affirme sans gaieté de cœur que les investisseurs gagnent du terrain sur les agriculteurs, ayant coécrit différentes études récemment au sujet des investissements et de la concentration des terres agricoles. Elle s’est entre autres penchée sur la situation de la Saskatchewan, où des mégafermes possédant de 4 000 à 13 000 hectares changent aujourd’hui le portrait de la ferme familiale.
Dans l’une de ses études, elle décrit que les fermes qui deviennent des firmes et qui ont pris du galon rapidement sont celles qui se sont liées avec des investisseurs, privés ou institutionnels. « C’est vraiment évident que les investisseurs sont intéressés par les terres agricoles. Ils cherchent des fermiers avec qui ils peuvent travailler. Beaucoup leur louent ensuite le terrain qu’ils ont acheté. Les gens qui perdent, ce sont les fermiers », affirme celle qui était jusqu’à tout récemment titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les droits de la personne, la justice sociale et la souveraineté alimentaire.
Outre les mégafermes, elle désigne les grandes fermes familiales qui deviennent des fermes corporatives. Cette consolidation pose plusieurs effets négatifs en créant des barrières à la relève, puis en contribuant moins à l’économie et au tissu social des petites municipalités rurales. Avec le peu de fermes restantes, les histoires rurales et l’identité agricole s’effacent, dit-elle en entrevue avec La Terre. Sans intervention de l’État pour empêcher les investisseurs, elle entrevoit avec un certain fatalisme l’avenir des fermes familiales et l’arrivée, comme c’est déjà le cas dans l’Ouest canadien, de fermes transnationales impliquant des investisseurs de l’extérieur.
La chercheuse nuance toutefois ses propos en disant que le problème du milieu agricole n’est pas seulement causé par les investisseurs, mais aussi par la surenchère entre agriculteurs, qui touche le plus grand nombre de transactions et qui contribue à l’inflation du prix des terres.