Économie 10 octobre 2024

Les exportations de porc en hausse au Japon et en Asie du Sud-Est

Dans certains pays, comme le Japon et le Vietnam, les volumes d’exportation de viande porcine québécoise ont augmenté considérablement depuis un an.

Les données de Statistique Canada pour la période de janvier à juin 2024, rapportées dans le dernier bilan du Centre de développement du porc du Québec, montrent que le Vietnam, la Corée du Sud et le Japon ont environ triplé leurs achats de porc québécois, avec des volumes d’exportation de viande qui ont augmenté parfois au-delà de 200 % comparativement à la même période en 2023 (voir le tableau). Cela a généré des revenus qui ont également augmenté de 404 % pour les exportations au Vietnam, de 354 % en Corée du Sud et de 192 % au Japon.

Annie Tremblay

Annie Tremblay, directrice de l’accès aux marchés pour Porc Canada, un regroupement qui fait entre autres la promotion du porc canadien à l’étranger, indique que le Japon et la Corée du Sud représentent deux destinations « de haute valeur », où sont exportées des coupes de viande à valeur ajoutée, comme la viande fraîche emballée sous vide, et où le porc canadien est présent depuis longtemps.

Ce sont des marchés où on était descendus très bas depuis la pandémie de COVID-19, et ç’a pris du temps avant que la consommation intérieure reprenne. On est maintenant revenu à ce que c’était avant la pandémie.

Annie Tremblay, directrice de l’accès aux marchés pour Porc Canada

Les Philippines sont aussi devenues, depuis quelques années, un marché très important, note par ailleurs Mme Tremblay, puisque le pays est durement frappé par la peste porcine africaine (PPA) et que son gouvernement « compte sur les importations pour la consommation et a ouvert le marché avec de très gros quotas pour tous les pays ». Elle estime qu’il faudra probablement encore plusieurs années avant que le pays puisse reconstruire son cheptel porcin et ses stocks.

Le Vietnam, de son côté, est un marché relativement nouveau, qui fait partie de l’Accord de partenariat transpacifique et global et progressiste. Bien que les exportations canadiennes vers cette destination aient explosé de 265 %, Mme Tremblay souligne « qu’il faut considérer qu’on part d’une base qui était vraiment minime et qu’au final, ce marché ne représente qu’environ 1 % du total des exportations canadiennes ». 

Elle précise néanmoins que les pays de l’Asie du Sud-Est « sont très prometteurs pour l’avenir, comme la Malaisie et l’Indonésie, par exemple, qui comptent une communauté chinoise consommant du porc et représentant un marché potentiel de la taille du Canada », illustre-t-elle. 

En Amérique du Sud, la Colombie est également un marché d’exportation intéressant et en croissance, rapporte la représentante de Porc Canada, quoique plus compétitif, en raison de la forte présence du porc américain. 

Un marché chinois toujours lucratif

Malgré ces augmentations des volumes de viande exportés en Asie, le bilan québécois des exportations totales de viande de porc est resté relativement stable (+3 %), notamment parce que les exportations vers la Chine et Taïwan ont décru d’environ 50 %. Cela serait dû au ralentissement de la croissance économique en Chine, mais aussi au fait que le pays a accumulé de grands stocks de produits importés, explique Mme Tremblay.

Elle signale toutefois que la Chine demeure une destination lucrative pour certaines parties du porc, qui finiraient à l’équarrissage autrement. « Il y a certaines parties qui peuvent être achetées au Mexique, mais ce n’est pas au même prix », précise-t-elle. 

Annie Tremblay estime que les anciens comme les nouveaux marchés sont importants dans la stratégie d’exportation du porc tant québécois que canadien, surtout dans le contexte où la PPA pourrait éventuellement arriver au pays. « Il faut garder des canaux d’exportation grâce aux accords que le Canada est en train de négocier avec différents pays. La diversification de nos marchés est importante, puisqu’on exporte environ 68 % de notre production et qu’on ne pourrait pas consommer tout ça à l’interne », souligne-t-elle.

Ces accords permettront de poursuivre les exportations en contexte de PPA selon certains protocoles pour éviter un blocage des frontières à tous les produits de porcs canadiens.

Volume (en tonnes) d’exportations de viande de porc québécois de janvier à juin 2024 (par rapport à la même période en 2023)
États-Unis

52 930 (-14 %)

Philippines

44 179 (+14 %)

Japon

42 026 (+194 %)

Chine/Hong Kong 

41 054 (-45 %)

Corée du Sud

11 974 (+232 %)

Taïwan

10 209 (-39 %)

Colombie 

8 860 (+35%)

Vietnam 

5 977 tonnes (+265 %)

Source : CDPQ/Statistique Canada