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Le producteur Gaétan Roy s’est vu contraint de détruire plus d’un hectare de fraises d’automne à sa ferme de Lanoraie dans Lanaudière, en raison de la longue canicule du mois d’août qui a engendré une surabondance de fruits dans ses champs. La demande pour ce produit, quant à elle, est « à plat » depuis quelques semaines.
« Il a fait trop chaud et on n’a plus personne qui vient. On n’a plus d’achalandage », s’est désolé le principal intéressé. Lors de notre entretien, le 26 août, M. Roy était déjà sur le point de fermer son kiosque vu la faible demande, alors qu’il vend normalement ses fraises d’automne jusqu’à la fin septembre.
Dans le coin de Pont Rouge, près de Québec, le producteur Israël Faucher constate une situation similaire, bien qu’il fasse partie « des chanceux » qui n’ont pas eu à laisser de fraises aux champs. « Ma production au complet est sortie en trois semaines. Mais le monde n’en achète pas tous les jours, des fraises », a-t-il commenté.
L’agroéconomiste Sébastien Brossard, qui suit de près l’état des marchés des fruits et légumes, a lui aussi constaté le « double effet pervers » de la canicule qui a engendré « un surplus » de fraises en affectant à la fois l’offre et la demande. « La chaleur a boosté les volumes de fraises, en plus d’inciter les consommateurs à rester chez eux à l’air conditionné plutôt que d’aller dans les magasins et les marchés publics pour en acheter », a-t-il notamment présumé.
La directrice générale de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec, Jennifer Crawford, a confirmé de son côté que « la deuxième vague » de forts volumes aux champs a été « encore plus grosse » que la première en juin. « En plus, nos producteurs ont beaucoup planté en prévision de cette saison pour ne pas manquer de fraises comme l’an dernier. Avec la canicule imprévue, on se retrouve en surabondance », note-t-elle.
Les prix chutent radicalement
David Côté et Simon Charbonneau, qui cultivent respectivement en Montérégie et dans les Laurentides, ont rapporté une qualité exceptionnelle de fraises d’automne et de forts volumes ces dernières semaines, mais la faible demande par rapport à l’offre, qui a fait chuter le prix des fruits, est venue gâcher la fête. « Ça fait trois semaines que c’est l’enfer, a réagi David Côté, agriculteur à Saint-Paul-d’Abbotsford. On a dû travailler matin et soir [pour la cueillette], parce que ça a tout mûri en même temps. Mais on doit tout vendre à bas prix. » Simon Charbonneau a également affirmé vendre ses fraises en dessous du coût de production depuis des semaines.
À titre d’exemple, l’agroéconomiste Sébastien Brossard notait, la semaine dernière, qu’un plateau de 10 paniers d’un litre de fraises se vendait de 15 $ à 16 $ à la Place des producteurs – la référence pour prendre le pouls du marché des fruits et légumes au Québec – alors qu’il se vend normalement entre 28 $ et 30 $. Il espérait néanmoins un redressement du marché avec le retour des températures « plus normales ».