Économie 8 novembre 2024

L’échec de Sollio et Grains Québec ou le renouveau des coopératives régionales

Sollio & Grains Québec devait devenir le plus important acheteur de grains auprès des producteurs québécois. En entrevue avec La Terre, en 2021, son directeur, Richard Villeneuve, prévoyait commercialiser 1,4 million de tonnes de grains en cinq ans, mais voilà que depuis cet été, l’organisme est en mode dissolution.

« On s’est aperçus que ça ne répondait pas tout à fait aux attentes, aux objectifs d’offrir le meilleur prix de grains possible aux producteurs. Sollio & Grains Québec existe encore, mais on est en processus de liquidation, de mise à off », résume Guy Crépeau, un ancien président du conseil d’administration. Avant de mettre un terme à l’organisme, les dirigeants ont réfléchi pendant un peu plus d’un an, dit-il, à l’idée de faire une version améliorée de Sollio & Grains Québec. 

Guy Crépeau

Structure plus grosse que prévu et peut-être trop lourde, difficulté à bien représenter les réalités de chaque région dans cette structure nationale, sentiment d’éloignement des membres; M. Crépeau explique que les dirigeants ont été incapables de mettre précisément « le doigt sur le bobo ». Ils ont donc pris la décision de laisser tomber cette entité pour revenir à une formule plus régionale. La transition s’est faite de manière à ce que les opérations se poursuivent, sans conséquences pour les producteurs.

Rappelons que Sollio & Grains Québec, qui a vécu sa première année de commercialisation complète en 2021, était un partenariat entre Sollio Agriculture et six coopératives régionales. L’objectif était de centraliser la commercialisation des grains de toutes ces coopératives entre les mains d’une seule équipe. 

Renouveau

Guy Crépeau, dont la ferme est située près de Saint-Hyacinthe, a compris, petit à petit, que depuis que sa coopérative régionale était avec Sollio & Grains Québec, elle n’était plus le premier choix des producteurs pour vendre leur grain. Il ajoute cependant que depuis la fin de Sollio & Grains Québec, cet automne, les producteurs sont revenus.

La réalité, c’est que dans le grain, il faut que tu sois dans les prix. [Cet automne], on était dedans. On voyait des tas de blé d’Inde partout [dans nos centres de grains]. Ça faisait une couple d’années qu’on n’avait pas vu ça.

Guy Crépeau, président du conseil d’administration d’Agiska Coopérative

Christian Chabot, responsable de la commercialisation des grains chez Agiska, indique que dans les derniers mois, la coopérative a remonté sa commercialisation à 300 000 tonnes. La barre est haute pour 2025 : entre 360 000 et 500 000 tonnes. « On a déjà 200 000 tonnes de signées. Ç’a bien répondu », affirme-t-il.

D’autres difficultés

Le processus de liquidation de Sollio & Grains Québec s’ajoute à d’autres difficultés vécues par Sollio Agriculture. Cette dernière a investi plusieurs millions, en 2018, dans la construction d’un terminal maritime de transbordement de grains dans le port de Québec. Le terminal a été mis en vente en 2022, sans trouver encore preneur. Toujours en 2022, Sollio Agriculture a annoncé qu’elle mettait aussi en vente les actifs d’Ontario Grain, dans laquelle elle avait investi en 2018. Ce retrait des activités d’exportation de grains vise à limiter l’exposition au risque, explique Sollio Agriculture.