Économie 3 janvier 2025

Le train jusqu’à l’aube de ses 90 ans

Après le décès de son mari quand elle était dans la quarantaine, avec cinq enfants à sa charge, Yvette B. Bernier s’est retroussé les manches pour reprendre seule les rênes de la ferme laitière familiale de Saint-Adelme, dans le Bas-Saint-Laurent. 

Aujourd’hui âgée de 94 ans, Mme Bernier avoue avoir eu bien du mal à penser à la retraite après avoir travaillé plus de 50 ans à la ferme. Elle ne l’aura finalement prise que très tard, continuant de faire le train jusqu’à l’aube de ses 90 ans.

C’était ben difficile de la prendre. J’aimais ça, faire ma besogne dehors, et j’avais envie que ça continue.

Yvette B. Bernier

À l’époque du décès de son mari, la productrice avait l’objectif de garder le nom de la famille sur la ferme. Son fils Bruno, alors âgé de 16 ans, a commencé à travailler avec elle en tant qu’associé. Selon lui, après le décès de son père, sa mère s’est engagée à travailler encore plus. « Mais elle avait aussi de la peine, et en travaillant comme ça, elle oubliait un peu ça », ajoute-t-il. 

Force est d’admettre que ce travail acharné lui a finalement plu, puisque, encore aujourd’hui, elle continue de faire ses impôts et de gérer les revenus provenant de la location de ses terres, rapporte son fils, qui qualifie sa mère de « véritable phénomène ». « J’ai toujours travaillé fort. Au début, je coupais mon bois de chauffage avec un de mes gars », mentionne-t-elle avec une grande fierté. 

Ce n’est qu’il y a environ six ans que la décision a été prise de vendre le troupeau et de louer les terres, faute de relève. « Vu que la terre continue d’être cultivée, pour elle, c’était moins pire que de la vendre », précise son fils.

Ce dernier observe avec amusement qu’il a travaillé plus longtemps à la ferme avec sa mère qu’elle ne l’avait fait avec son mari. Il affirme que celle-ci a toujours été un bon coach. « Quand on avait une décision à prendre, on s’assoyait tous les deux, on en discutait et après, on fonçait », raconte-t-il.