Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Le prix du porc a atteint au cours des dernières semaines des sommets inégalés sur les marchés depuis 2014. À certains moments, notamment dans la première semaine de mars, le prix moyen a même fracassé un record qui remonte au moins à 1996, souligne Geneviève Berthiaume, responsable de l’économie et de la gestion au Centre de développement du porc du Québec. Malgré tout, la marge de profit des éleveurs reste mince et parfois même nulle en raison du prix du grain, également à la hausse.
« Ce qu’on espère, c’est de voir la courbe du prix du porc poursuivre sa montée et celle du prix du grain se stabiliser, ce qui permettrait d’augmenter la marge de profit des éleveurs », commente Mme Berthiaume. Selon elle, la meilleure stratégie des éleveurs pour profiter de cette situation en ce moment serait d’utiliser les marchés à terme afin d’éviter une fluctuation au niveau du prix de l’alimentation.
Même son de cloche de la part de Frédéric Hamel, stratège de marché pour la société de courtage R.J. O’Brien, qui propose d’abord à ses clients de stabiliser la moulée en ayant fait des réserves avant de conclure un contrat à terme pour le porc. « Pour les producteurs qui ont fait ce premier pas [concernant la moulée], les prix très favorables du porc peuvent servir à stabiliser les revenus d’une partie de la production pour les mois à venir », suggère-t-il.
Bacon et jambon en demande
Plusieurs facteurs expliquent les prix élevés sur le marché, dont la valeur du dollar canadien par rapport à la devise américaine ainsi que la demande de la Chine qui ne fléchit pas. Une autre variable s’est ajoutée à l’équation avec la vaccination contre la COVID-19 qui va bon train aux États-Unis et qui a enclenché une reprise économique. Les restaurateurs, entre autres, se préparent à rouvrir leur commerce et regarnissent leur garde-manger vide, ce qui influe à la hausse sur le prix de certaines coupes, dont le bacon, le jambon et les côtes levées. La demande pour ces produits est également à la hausse au Québec, puisque plusieurs restaurants en zone orange ont pu rouvrir.
« Parallèlement, les producteurs de porcs tant aux États-Unis qu’au Québec ont réduit leur cheptel d’environ 3 % pour faire face au ralentissement du rythme d’abattage lié aux effets de la COVID-19, note Mme Berthiaume, ce qui a contribué à faire baisser l’offre alors que la demande augmente, et conséquemment, à pousser le prix à la hausse. »
« Cette situation pourrait toutefois changer rapidement, prévient de son côté M. Hamel, puisque les producteurs américains ont déjà commencé à augmenter leur cheptel. La demande provenant des restaurateurs finira par redescendre et se stabiliser. »
De même, ajoute-t-il, ce n’est qu’une question de temps avant que la Chine, aux prises avec la peste porcine africaine dans ses élevages, redémarre en grand sa production porcine. Pour preuve, il souligne que la demande de ce pays pour les grains est très forte depuis les derniers mois, ce qui laisse sous-entendre que les producteurs chinois font des réserves pour leurs élevages.