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Les rumeurs qui couraient depuis quelques semaines à propos de la fermeture de l’usine d’abattage et de transformation de porc frais d’Olymel à Vallée-Jonction, dans Chaudière-Appalaches, ont finalement été confirmées par l’entreprise le 14 avril.
« Ce n’est pas une décision qui a été prise à la légère, mais après une analyse exhaustive, nous avons choisi de fermer cette usine principalement pour deux raisons : le déclin de la main-d’œuvre dans cette région, où le recrutement est plus difficile que dans nos autres usines, et l’état des installations, qui auraient requis des investissements de 40 M$ », a indiqué Yanick Gervais, président-directeur général d’Olymel, en conférence de presse, le 14 avril.
Près de 1000 employés perdront leur emploi, mais ils seront toutefois admissibles à un plan de relocalisation dans les autres installations de l’entreprise, a précisé M. Gervais. La fermeture de l’usine se fera progressivement jusqu’au 22 décembre.
Une autre annonce, celle-ci conjointe avec les Éleveurs de porcs du Québec, est prévue la semaine prochaine afin notamment de préciser la réorganisation du transport des porcs provenant des fermes de la région de Chaudière-Appalaches, a précisé M. Gervais.
Pas une grande surprise
Cette fermeture n’est pas une grande surprise pour les producteurs de porcs. Ceux-ci avaient déjà été avisés par Olymel d’une nouvelle baisse des achats de 850 000 porcs annuellement dès juin 2023, après une première de 530 000 têtes il y a environ un an, ce qui au total équivaut à une diminution de production d’environ 20 %. Dans ce contexte, la fermeture d’une usine d’abattage devenait inévitable, avait avisé la direction d’Olymel. Dans les deux dernières années, l’entreprise estime à 400 M$ ses pertes dans le secteur du porc frais, qu’elle justifie principalement par l’instabilité des marchés d’exportation, alors que son modèle d’affaires repose en grande partie sur ces marchés. Elle a d’ailleurs amorcé une consolidation de ses activités et de ses installations depuis deux ans afin de « revoir et optimiser son modèle d’affaires et retrouver le chemin de la rentabilité du côté de la transformation du porc frais », a rappelé M. Gervais. Outre son usine de Vallée-Jonction, l’entreprise est propriétaire de trois autres usines d’abattage et de transformation de porc au Québec, soit à Yamachiche, en Mauricie, à Saint-Esprit, dans Lanaudière, et à Ange-Gardien, en Montérégie. M. Gervais a précisé que pour l’instant, aucune autre fermeture n’était envisagée.
« À l’opposé des efforts »
Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron, estime pour sa part que cette fermeture « est à l’opposé des efforts, des investissements et des sacrifices des éleveurs », a-t-il déclaré dans un communiqué le 14 avril.
Il a rappelé que la production porcine était « un véritable fleuron pour le Québec », étant la deuxième production agricole en importance, avec près de 2 G$ de ventes à la ferme, et le principal produit d’exportation bioalimentaire au Québec, générant des recettes d’environ 1,7 G$ en 2022. Dans ce contexte, l’UPA réclame une intervention du gouvernement du Québec « qui doit élargir son implication dans ce dossier et faire la lumière pleine et entière sur la situation dans cette filière. »
Positifs malgré tout
Selon des éleveurs de porcs de la région de Chaudière-Appalaches, cette fermeture risque d’entraîner une vague de fermetures de fermes dans la région, qui est pourtant l’une qui compte la plus forte densité d’élevages porcins de la province. Malgré ce contexte difficile et morose, des éleveurs comme Jean-Pierre Audesse, propriétaire d’une ferme porcine à Sainte-Marguerite, gardent espoir en l’avenir. Il estime que la production porcine est trop grosse pour mourir au Québec et que les emplois et les revenus d’exportations qu’elle génère méritent des investissements pour la soutenir. « On passe par une restructuration et j’espère simplement que les bonnes nouvelles suivront », confie-t-il.