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Aux Industries Bernard & Fils, l’un des principaux joueurs dans le marché mondial du sirop d’érable, les descendants de Réal et Émilia font évoluer l’entreprise avec passion.
Ils sont cinq frères. Tout comme leur père Réal, leur grand-père et leur arrière-grand-père, ils produisent du sirop d’érable. Pas une quantité énorme, puisque leur érablière ne compte que 5 000 entailles. Toutefois, contrairement aux générations précédentes, ils transforment beaucoup de sirop. Cette année, 20 millions de livres de sirop ont été inspectées, goûtées, chauffées, filtrées, embouteillées, étiquetées, emballées et refroidies dans leur usine ultramoderne de Saint-Victor, une localité située au cœur de la Beauce et à une heure de la frontière du Maine.
Tout a commencé lorsque l’agriculteur Réal Bernard, qui était en visite aux États-Unis pour s’acheter une presse à foin, s’est fait demander s’il aurait du sirop d’érable à vendre. L’idée a alors germé dans sa tête et, peu de temps après, en 1966, il a fondé une compagnie pour répondre à la demande américaine grandissante. « En 1978, il m’a offert de me joindre à lui parce qu’il venait de subir plusieurs infarctus », raconte son fils Yves avec des trémolos dans la voix. L’entreprise qui, jusqu’alors, commercialisait l’or blond en vrac, a commencé à embouteiller du sirop. Le marché n’a cessé de grandir et les quatre autres garçons de la famille sont devenus actionnaires des Industries Bernard & Fils. Yves en assure la présidence, Paul est vice-président, Victor est directeur général, et Richard et Marcel sont administrateurs. Leurs deux sœurs, Rachel et Jacinthe, travaillent aussi pour la compagnie.
Trop à l’étroit dans l’usine originale de la rue du Séminaire, l’entreprise a acquis un terrain sur la rue Industrielle pour y construire, en 2006, une usine de 50 000 pieds carrés. L’an dernier, les Bernard en ont doublé la superficie. Puis, depuis la mi-septembre, des heures de travail ont été ajoutées. L’usine fonctionne maintenant six jours par semaine à raison de 12 heures par jour. Tenu à l’écart des regards indiscrets, l’équipement à la fine pointe de la technologie se révèle une source de fierté pour le transformateur. « Ça nous distingue vraiment. Avec 65 employés, nous sommes en mesure de traiter un très grand volume de sirop », se réjouit le président de l’entreprise. À la demande de certains clients, différents sirops de fruits tels que canneberges, bleuets, fraises ainsi que du sirop de table sont aussi fabriqués.
Un peu plus de 1 000 acériculteurs du Québec, du Nouveau-Brunswick et des États-Unis, dont 200 en production biologique, acheminent du sirop à l’entreprise dans l’un ou l’autre de ses six entrepôts situés à Saint-Victor, au Témiscouata et dans le Vermont.
Un marché grandissant
Les États-Unis représentent près de la moitié du marché des Industries Bernard & Fils, suivis du Canada à hauteur de 35 %, puis de l’Europe et de l’Asie. Des chaînes de supermarchés, des grossistes, des distributeurs et des restaurateurs de plus de 30 pays achètent leurs produits. Le sirop d’érable, connu au Québec sous le nom de Bernard, est vendu sur tous les autres marchés sous la marque Old Fashioned Maple Crest. Depuis plus de 20 ans, l’entreprise court les foires alimentaires d’un peu partout : Atlanta, Chicago, Californie, Paris, Cologne, Japon, etc. Maintenant, c’est souvent Martin, directeur des ventes et fils d’Yves, qui sillonne le monde pour rencontrer les futurs clients.
Le sirop d’érable, en version biologique ou non, est vendu dans plus d’une dizaine de formats, allant du flacon de 251 ml au contenant de 1 000 L. Depuis peu, un contenant en verre de 946 ml à l’allure d’une ancienne bouteille de whisky séduit la clientèle d’un importateur américain.
« Les Industries Bernard & Fils se sont développées parce qu’on se fixe sans cesse de nouveaux objectifs, fait valoir Yves. Très bientôt, nous devrions mettre en marché 25 millions de livres et, d’ici cinq ans, nous voulons atteindre 35 millions de livres. » Pour le président, le défi se situe dans la baisse de prix du produit. « Si le prix diminuait de 50 cents la livre, les transformateurs auraient accès à un marché supplémentaire de 25 millions de livres », estime-t-il.
Lors des derniers jours de septembre, des clients japonais ont annoncé leur visite. Ils ont l’intention de se rendre à la cabane où les arbres se colorent de mille feux. C’est avec beaucoup de fierté que les Bernard en profiteront pour rendre hommage à leurs ancêtres tout en présentant la cinquième génération de Bernard à baigner dans le sirop d’érable. En effet, neuf des enfants des actionnaires ont déjà trouvé leur place au sein de l’entreprise.
Louise Thériault, agronome, collaboration spéciale