Économie 20 août 2024

Grève ferroviaire : des craintes pour l’approvisionnement en céréales et les exportations agricoles

L’arrêt possible du transport ferroviaire au pays dès le 22 août, en raison de conflits de travail chez les deux principaux transporteurs du pays, soit le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique Kansas City (CPKC), pourrait compliquer l’importation et l’exportation de produits agricoles et agroalimentaires.

Le milieu s’inquiète surtout pour l’approvisionnement en tourteau de soya, un supplément alimentaire utilisé dans l’alimentation animale, notamment en production porcine, bovine et avicole, qui provient en grande partie des États-Unis et de l’Ontario par voie ferroviaire.

Depuis le mois de mai, une grève des employés de l’usine de transformation d’oléagineux de Viterra, à Bécancour, complique déjà l’approvisionnement de ce supplément pour tout l’est du Canada, spécifie Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA). « Si on ajoute une grève du CN et du CPKC, l’approvisionnement risque de devenir extrêmement compliqué, car le camionnage est déjà très sollicité et ça risque de mettre beaucoup de pression sur toute la chaîne d’approvisionnement, avec un effet sur les prix », anticipe-t-il.

Une inquiétude que partage Sébastien Lacroix, directeur général de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC). « Je ne veux pas être pessimiste, mais les plans B sont assez restreints, puisqu’on a déjà des enjeux de disponibilités avec les camions pour la consommation locale. »

Si on veut faire un comparable, on dit qu’il peut entrer trois camions dans un wagon de train.

Sébastien Lacroix

Le Québec importe environ 600 000 à 700 000 tonnes de tourteau de soya par année, pour une consommation d’environ 12 à 13 000 tonnes par semaine, rapporte M. Lacroix.

Ce supplément alimentaire pourrait être remplacé par autre chose, comme de la drêche de maïs, mais ce produit est disponible en quantité limitée et son approvisionnement risque lui aussi d’être perturbé s’il y a un arrêt du transport ferroviaire, signale-t-il. De plus, ces changements dans l’alimentation des animaux pourraient avoir un effet sur leur performance, voire sur leur bien-être. « On arrivera à en avoir un peu [de tourteau de soya], mais c’est comme si on a de l’eau pour quinze personnes, mais qu’on est 100 à en avoir besoin », donne-t-il en exemple.

L’exportation de produits comme le porc risque également d’être touchée, tout comme la mise en marché de la production de céréales dans les prochaines semaines, ajoute M. Caron. Si le conflit persiste à moyen ou long terme, des enjeux reliés à l’approvisionnement en gaz propane pourraient également compliquer des activités agricoles, comme le séchage de grains ou le chauffage des bâtiments d’élevage, cet automne.

Lettre conjointe

Dans une lettre d’opinion diffusée le 20 août, le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Sollio Groupe Coopératif, l’AQINAC et l’UPA disent également craindre les effets négatifs d’un conflit dans le secteur du transport ferroviaire sur la réputation du Canada sur les marchés internationaux. Ils demandent conjointement au gouvernement fédéral d’intervenir rapidement pour encourager le dialogue entre les parties concernées et ainsi éviter un arrêt du service. Ils demandent également la mise en place de mesures spécifiques pour protéger les intérêts de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire.