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DRUMMONDVILLE – Une baisse des taux d’intérêt et un accroissement de la demande mondiale des produits agricoles à moyen terme sont deux perspectives économiques encourageantes soulevées par des conférenciers à l’affiche des Perspectives agroalimentaires 2023. Cet événement a été présenté par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, à Drummondville, le 25 avril.
Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale, a brossé un portrait économique du Canada et de son principal partenaire d’affaires, les États-Unis. Surprise! Selon lui, les Américains sont en moins bonne posture sur certains aspects, dont leur niveau d’inflation réel, plus élevé qu’au Canada, qui devrait les obliger à relever encore les taux d’intérêt au mois de mai. L’économiste a aussi rapporté une crainte grandissante chez nos voisins du sud relativement à une nouvelle crise bancaire liée à l’immobilier commercial. La pandémie et le télétravail ont augmenté le pourcentage d’inoccupation des bâtiments commerciaux, une situation qui devient inquiétante pour les petites banques américaines dont 43 % du portefeuille de prêts repose sur l’immobilier commercial. Les banques canadiennes se portent mieux, a soutenu M. Arseneau, qui a ajouté que l’économie au Canada surprend des analystes. « Ceux qui pensaient à une récession sont surpris de la solidité de l’économie », a-t-il indiqué, en faisant allusion entre autres aux secteurs de la restauration et des arts et spectacles, qui tiennent le coup, alors qu’ils écopent habituellement lors d’un fléchissement de l’économie.
Un facteur majeur soutenant l’économie se révèle la croissance démographique, le Canada étant l’un des pays industrialisés qui affichent la plus grande augmentation de population, avec un million d’habitants supplémentaires en 2022. « Il y a quand même des signes de modération. Le bénéfice des entreprises est en baisse depuis deux trimestres. Ce sont des types de baisses qu’on voit en récession », a nuancé Matthieu Arseneau.
Le mot qui est sur toutes les lèvres, l’inflation nette, a atteint 7 % au Canada en 2022 et, toujours selon l’économiste, elle avoisine maintenant les 3 %, une valeur tout près de la cible de la Banque du Canada. « Une bonne nouvelle », a souligné celui qui s’attend même à une baisse des taux d’intérêt vers la fin de l’année au Canada. « On n’est pas à l’abri d’une contraction de l’économie américaine en 2024 », a cependant prévenu l’économiste.
La classe moyenne augmente
Venu du Missouri, aux États-Unis, le conférencier Roland J. Fumasi, qui est directeur régional pour l’Amérique du Nord chez Rabobank, a mis l’emphase sur l’accroissement de la demande de produits agricoles en lien avec l’augmentation de la classe moyenne à l’échelle mondiale. Selon ses données, 28 % de la population appartenait à la classe moyenne en 2009, une proportion qui passera à 65 % en 2030. « Les revenus montent, les gens mangent plus de produits laitiers frais, plus de protéines, des fruits et légumes frais », a-t-il décrit.
Cela représentera des occasions d’affaires pour les entreprises agroalimentaires, mais ce ne seront pas toutes les compagnies qui en profiteront, a-t-il précisé, en entrevue avec La Terre, qui l’a amené à commenter la récente décision d’Olymel de fermer l’un de ses abattoirs. Manquera-t-elle ainsi une occasion dans quelques années de profiter de cet accroissement de la classe moyenne mondial qui mangera plus de protéines? M. Fumasi s’est contenté de répondre que les entreprises qui seront plus efficaces et automatisées, avec un meilleur coût de production, réussiront à aller chercher leur part du gâteau.