Économie 16 février 2022

De la stabulation libre à entravée

SAINTE-SABINE – La prochaine version du code de bien-être animal pour les bovins laitiers, qui encouragera vraisemblablement le détachement des animaux, continue de faire des vagues chez les producteurs.

Simon Campbell est l’unique propriétaire, depuis 2009, de la ferme qu’il a reprise de ses parents. Sa conjointe, Jordan Leclerc, travaille avec lui.
Simon Campbell est l’unique propriétaire, depuis 2009, de la ferme qu’il a reprise de ses parents. Sa conjointe, Jordan Leclerc, travaille avec lui.

Après la lecture d’un dossier sur le sujet dans La Terre, David Campbell, dont la famille est passée de la stabulation libre à entravée pour loger ses vaches en lactation au tournant des années 2000, a voulu défendre ce choix et témoigner du confort des animaux et de la facilité de gestion que le virage a conférés. Nous sommes donc allés à la rencontre de son frère Simon, maintenant unique propriétaire de la ferme familiale pour une visite des lieux.

L’un des murs du bureau de l’agriculteur Simon Campbell est tapissé de bannières remportées lors de diverses expositions de bovins laitiers de grande envergure. Parmi les rubans, sa plaque de maître-éleveur Holstein obtenue en 2017 est bien en évidence. « On en a gagné quelques-unes, oui. J’ai l’élevage dans le sang », dit avec un sourire le propriétaire de la Ferme L. Campbell et Fils, de Sainte-Sabine en Estrie, qui élève aussi des vaches Jerseys.

La ferme, acquise par son père en 1958, comprenait au départ une étable à stabulation entravée. Puis, un nouveau bâtiment en stabulation libre avec salon de traite a été construit pour loger les vaches en lactation en 1974. Devenu vieillissant en 2000, ce dernier a été rénové, notamment avec l’aménagement de parcs pour les taures. Une autre étable, cette fois en stabulation entravée, a été ajoutée pour les vaches en lactation. Ce retour vers les animaux attachés était déjà « à contre-courant » à l’époque, concède Simon Campbell.

« Je ne pense pas qu’il y ait un type de stabulation qui soit mieux que l’autre. Ça dépend de la gestion que tu en fais, fait-il valoir. Pour nous, la stabulation entravée, ça correspondait à notre vision d’élevage », ajoute le producteur laitier, qui précise accorder une importance particulière au soin individuel des bêtes et à la gestion de la propreté qu’il estime plus faciles lorsque les vaches sont attachées.

« En stabulation libre, les vaches se blessaient en groupe, surtout que le bâtiment était désuet », se souvient celui dont l’amour de l’élevage et de la haute génétique bovine a été transmis par son père. « On a toujours accordé de l’importance au confort et au bien-être des animaux. […] Dans les stalles, il y a de l’espace », ajoute-t-il, spécifiant d’ailleurs que le titre de maître-éleveur Holstein n’est attribué qu’aux fermes dont la conformation et la production du troupeau sont excellentes. « Il faut que les vaches soient confortables et en bonne santé pour avoir ça. […] Le vieux modèle de stabulation libre qu’on avait, ça ne marchait pas. On trouvait que la stabulation entravée correspondait mieux à nos critères pour garder les vaches plus longtemps », explique le producteur.

L’éleveur explique que la stabulation entravée facilite la gestion de la propreté. Il attache aussi les queues pour éviter qu’elles traînent dans le dalot à fumier.
L’éleveur explique que la stabulation entravée facilite la gestion de la propreté. Il attache aussi les queues pour éviter qu’elles traînent dans le dalot à fumier.

Il admet toutefois qu’au moment de la conversion en 2000, il ne se doutait pas qu’un règlement officiel pour faire bouger les animaux et encourager le détachement de ceux-ci serait un jour envisagé. « Pour certains producteurs, ça représentera d’autres investissements importants, plus de paperasse et probablement pas d’aide du gouvernement », anticipe-t-il, faisant référence à la révision du code de bien-être animal pour les bovins laitiers qui sera adoptée d’ici 2023.