Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
La prochaine saison sera déterminante pour les producteurs de fraises du Québec qui font face, comme dans les autres secteurs, à une hausse fulgurante de leurs coûts de production, mais qui sont particulièrement affectés par l’augmentation du salaire minimum de 0,75 $ l’heure depuis le 1er mai.
« C’est la fin des paniers de fraises à 1,99 $ en rabais. On n’est plus capables. Il va falloir faire des rabais [en épicerie] à 3,99 $, et sensibiliser les consommateurs pour qu’ils comprennent qu’on est rendus là », croit le producteur Louis Bélisle, propriétaire de la Ferme A. Bélisle et Fils, à Saint-Eustache, dans les Laurentides. Selon lui, l’accumulation des hausses de prix pour les intrants, le diesel, les transports, le carton et le plastique fait fondre les marges des producteurs à un point tel que l’industrie n’a plus le choix de remonter les prix de manière considérable. « Le gros coup, c’est la main d’œuvre. C’est terrible [sur les coûts de production] quand on monte le salaire », dit-il.
Jennifer Crawford, directrice générale de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec, convient que cette hausse du salaire minimum affecte peut-être un peu plus durement les producteurs de fraises, dont la main-d’œuvre représente en moyenne 40 à 55 % des coûts de production. « Le prix des fraises sera conséquemment augmenté, mais la question est de savoir jusqu’où on peut aller sans rebuter les consommateurs », se questionne-t-elle.
Une vague de fermetures anticipée
À Sainte-Anne-des-Plaines dans les Laurentides, la productrice Isabelle Charbonneau, directrice des opérations chez Fraisebec, regarde ses factures gonfler avec appréhension. « Si cette année, on ne passe pas à travers [sur le plan financier], c’est certain qu’on va se demander si on continue dans cette production. Parce que si l’ensemble de nos dépenses augmente de 34 % et qu’on n’a qu’une marge de 5 %, on fait quoi? » illustre-t-elle.
L’augmentation de 0,75 $ l’heure du salaire minimum occasionnera pour son entreprise, qui emploie près de 200 travailleurs étrangers temporaires, des coûts supplémentaires d’environ 300 000 $ cette année, en dépit de toutes les autres hausses, dont celle du carton et du carburant, qui pourrait faire grimper les coûts de production totaux de 1 M$ comparativement à l’an dernier. « Je sais en partant que je suis dans le négatif. Si je ne vends pas mes fraises plus chères, je n’arriverai pas », indique Mme Charbonneau.
De son côté, le producteur Louis Bélisle entrevoit au terme de l’année en cours une vague de fermetures ou de conversions à d’autres types de production. Un point de vue que partage également Jennifer Crawford, de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec. « C’est une année inquiétante, comme les deux dernières années, mais pour d’autres raisons. Les producteurs se demandent si ça va se stabiliser ou s’empirer, mais on n’a pas la réponse », se désole-t-elle.